L’été dans les rues de Barcelone, en plus des effluves de crème solaire et d’embruns, une odeur moins agréable vient titiller les narines. Égouts, déchets et pots d’échappement forment un cocktail explosif que les habitants ne supportent plus.
En balade dans la cité comtale, on remarque vite que les mauvaises odeurs sont aussi communes que les prouesses architecturales. Et si cette crise olfactive n’est pas nouvelle, son impact grandissant sur le moral et la santé des citoyens est une source d’inquiétude.
Comme pour n’importe quelle autre mégalopole, plusieurs facteurs sont responsables de ces effluves nauséabonds, mais à Barcelone, la chaleur empire la situation : les déchets rôtissent au soleil et la température élevée accentue les relents provenant des restaurants et des automobiles. Parmi toutes ces odeurs, une domine tout le reste : celle des égouts.
En été, à cause de la sécheresse, les eaux usées stagnent et leurs émanations remontent dans les rues. Un phénomène particulièrement remarquable dans le Raval ou la Barceloneta, situées en aval de la ville et donc du parcours de ces eaux. Et si le printemps 2024 a été relativement épargné par la sécheresse – et donc moins sujet aux fumets désagréables – les mois chauds qui arrivent risquent de changer la donne.
Photo : Equinox
Au-delà d’être une question de confort, ces odeurs provoquent de vrais soucis de santé. Une senteur entêtante peut indiquer une pollution de l’air ou de l’eau à proximité et induire des maux de tête, des nausées, de l’insomnie, des vomissements ou des troubles respiratoires, selon l’OMS. Des problèmes dont les riverains sont conscients, et qu’ils n’hésitent pas à faire remonter à leurs institutions, en espérant un changement. Au cours des cinq dernières années, le Défenseur des droits de Catalogne a reçu 120 plaintes sur le sujet, tandis que le conseil municipal de Barcelone a enregistré 717 réclamations.
Un vide juridique problématique
Face à ces plaintes, que font les pouvoirs publics ? Pour l’instant, rien de concret, puisqu’aucune loi ne régule ce type de pollution. Fin avril 2024, le gouvernement catalan a pourtant élaboré pour la première fois un modèle d’ordonnance pour légiférer sur les mauvaises odeurs. Cette suggestion, mise à disposition des municipalités de Catalogne, propose d’imposer des amendes aux infrastructures responsables des désagréments olfactifs. Pour le moment, aucune commune ne l’a approuvée.
En l’absence de directives imposées à l’ensemble de la grande couronne, certaines municipalités catalanes ont mis en place leurs propres règlements. Par exemple, Sant Joan Despí, Sant Adrià de Besòs et Vidreres prévoient des amendes pour « émissions contaminantes ou odeurs désagréables ». De son côté, Parets del Vallès a une ordonnance spécifique depuis 2021, notamment pour traiter les plaintes concernant une usine de Danone.
En attendant que de vraies mesures soient mises en place, les habitants des quartiers touchés font comme ils peuvent pour se soustraire à la puanteur, en se tournant vers des applications comme Odour Collect, une carte qui répertorie les points critiques. De signalement en signalement, ils peuvent donc savoir quel chemin éviter pour pouvoir se balader sans être dérangé, le nez au vent.