Le 30 juin et le 7 juillet 2024, les Français sont appelés à se rendre aux urnes dans le cadre des élections législatives anticipées. Les sondages placent le Rassemblement national et le Front populaire en tête. En cas de victoire de l’un de ces partis, certains Français sont déterminés à quitter le pays. Témoignages.
À l’heure du grand bouleversement de l’échiquier politique français, les craintes des citoyens se font ressentir. Le dimanche 9 juin, date des résultats du scrutin européen, le Rassemblement national mené par Jordan Bardella a recueilli 31,5 % des suffrages. Un record. La majorité présidentielle, Renaissance, a quant à elle glané seulement 14,5 % des voix. Dans la foulée, Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale et a annoncé des élections législatives anticipées. Avec ce nouveau scrutin précipité, le jeu des alliances politiques a commencé.
Du côté de la gauche, le « Nouveau Front Populaire » a vu le jour. Il réunit principalement le Parti socialiste (PS) d’Olivier Faure, les écologistes de Marine Tondelier, les communistes menés par Fabien Roussel et La France insoumise (LFI) avec Manuel Bompard. Les partis ont trouvé un accord pour présenter une candidature commune dans un maximum de circonscriptions françaises. À l’opposée, certains cadres des Républicains, notamment Eric Ciotti, évoquent une alliance avec le Rassemblement national. Ainsi, les partis d’extrême droite et d’extrême gauche sont en passe d’accéder au pouvoir. Une première en France.
« Si LFI arrive au pouvoir, je quitte la France »
Les extrêmes au pouvoir, un scénario que certains Français redoutent. Une situation telle qui alimente leur envie d’expatriation ! « Il est pour moi impensable d’être gouvernée par la France Insoumise ou d’avoir un Jean-Luc Mélenchon en Premier ministre », s’insurge Pauline interrogée par Equinox. Cette Toulousaine de 36 ans avoue avoir une sensibilité de gauche, pourtant la Française estime qu’un cap a été franchi, tant la gauche républicaine est, selon elle, « aux antipodes des valeurs de la France insoumise ».
« Cette compromission a ses limites. Faire barrage à l’extrême droite est certes nécessaire, mais de là à faire des concessions sur ce qui est l’essence même de son propre parti, je dis non », fustige-t-elle. Ainsi, Pauline envisage sérieusement de s’expatrier. Si cette réflexion a été précipitée en raison de ce contexte politique inédit, cette dernière n’exclut pas de s’expatrier en Espagne. « Le gouvernement est socialiste, et puis, en tant que Toulousaine, la frontière espagnole est à environ à deux cent kilomètres, donc, cette proximité avec la France me rassurerait », sourit-elle.
L’extrême droite au pouvoir : « une fin de la République en France »
Si l’union de la gauche sous la bannière Front populaire déplaît, l’arrivée du RN au pouvoir est plus que jamais perçue comme une menace. « Cette montée en puissance du RN est en quelque sorte le résultat de la politique de Macron, au lieu de rassembler, il exacerbe les différences », analyse Guillaume*. Il poursuit : « Si Jordan Bardella devient Premier ministre, je compte quitter la France, il est hors de question d’être gouverné par un parti au passé fasciste et dont les positions ne feront qu’alimenter les tensions en France », martèle-t-il.
Par ailleurs, le Français originaire de Grenoble voit l’éventuelle accession au pouvoir de l’extrême droite comme une fin de la République en France. Tout comme Pauline, les derniers jours très animés dont la politique française a fait l’objet, ont donc alimenté son envie de quitter l’Hexagone. Cependant, pour l’heure, le choix de son possible pays d’expatriation n’est pas encore déterminé, d’autant plus que les résultats des législatives tomberont le 7 juillet prochain… Ce qui laisse du temps à la réflexion !
Les expatriés français, bien décidés à rester à l’étranger
A contrario, les expatriés français témoins de la bataille politique comptent bien rester loin de la France. Pour Emi, la question ne se pose même plus. Et pour cause, elle vit en Espagne depuis 25 ans… Et, l »arrivée au pouvoir du RN ne l’inciterait pas à revenir au pays. Au-delà du jeu des alliances politiques, les expatriés s’interrogent sur la gestion du pays. « Comment un président relativement intelligent n’a-t-il pas su freiner le RN »?, s’exclame Emi qui qualifie de « désastre » la situation politique actuelle.
« Comment les Français se laissent-ils embobiner par un parti qui vote contre le remboursement de dépassements d’honoraires pour les malades du cancer du sein, ou contre des lois qui visent à « geler » les loyers ? », questionne-t-elle. Une situation inédite en France, qui ne laisse pas indifférents les Français.