Le 1er janvier 2002, l’euro entrait dans le porte-monnaie des habitants de l’Union européenne. Vingt deux ans plus tard, quels changements l’euro a-t-il apporté dans le quotidien des Espagnols ? Eléments de réponse.
C’était un moment attendu dans toute l’Union européenne. Le passage à la monnaie unique le 1er janvier 2002 devait considérablement simplifier les échanges et fructifier le commerce. Partout dans les pays membres, de longues files d’attente se formaient devant les banques au début de l’année 2002. Dans la capitale catalane, plusieurs centaines de Barcelonais s’impatientaient devant la banque d’Espagne, sur la Plaça Catalunya, pour échanger leurs pesetas en euros.
Plus de vingt ans plus tard, la monnaie unique semble être le ciment de l’Union européenne, cependant, à l’aulne des élections européennes, nombreuses sont les listes à vouloir sortir de la zone euro, en particulier du côté de l’extrême droite. Volonté de retrouver une souveraineté nationale, atténuer l’inflation, augmenter le pouvoir d’achat… Les arguments pour quitter le système de monnaie unique sont multiples, mais quelles ont vraiment été les conséquences de la zone euro en Espagne ?
Croissance économique
À l’échelle européenne, la devise universelle a contribué à faciliter les échanges intracommunautaire, ce qui a profité à l’Espagne, dont les principaux marchés d’exportation sont la France et l’Allemagne.
Depuis l’arrivée de l’euro, le PIB de l’Espagne a augmenté de 60 %, selon le ministère des Affaires économiques, en passant de 700.993 millions d’euros en 2002 à 1,12 milliards en 2020. En parallèle, le revenu par habitant annuel a lui aussi augmenté à hauteur de 40 %, en atteignant 23.693 euros.
Toutefois, l’Espagne peine dans le classement de l’UE. En effet, la moyenne européenne du revenu par habitant annuel s’élève à 33.260 euros.
Inflation galopante
Si l’euro a nourri la croissance économique du pays, il a aussi, en partie, contribué à une augmentation de 50 % de l’inflation en vingt ans. En effet, il fut un temps où prendre un café en Espagne n’atteignait même pas 100 pesetas (60 centimes aujourd’hui). Aujourd’hui, il est difficile de boire un café en terrasse pour moins de 1,30 euros.
D’autres produits illustrent parfaitement l’inflation plus ou moins engendrée par l’euro. Par exemple, la baguette de pain. En décembre 2001, son coût s’élevait à 50 pesetas, soit 0,30 centimes. À l’heure actuelle, il faut débourser en moyenne 0,75 centimes pour une baguette, soit une augmentation du prix de 299 %.
Même son de cloche en France, la vague inflationniste a secoué le coût des denrées alimentaires. En comparaison, le coût d’une baguette était de 4,31 francs en 2001 soit 86 centimes d’euros, selon l’Insee. En 2024, le tarif moyen est de 95 centimes. Au-delà de la monnaie unique, l’inflation a récemment été une conséquence de l’invasion de l’Ukraine, des sanctions mises en place contre la Russie et de leurs répercussions sur le marché des matières premières.
Pouvoir d’achat en baisse
Avec une hausse des salaires très timide couplée à une augmentation du coût de la vie, le pouvoir d’achat en Espagne a globalement baissé, comme dans le reste des pays de l’UE. La fulgurante inflation de décembre 2021, estimée à + 6,7 %. Si la hausse des prix est certes moins vertigineuse qu’il y a trois ans, mais reste néanmoins élevée. L‘inflation en Espagne s’est effectivement établie à 3,6 % en mai 2024, soit une hausse de trois dixièmes de plus qu’en avril, selon les données de l‘Institut national de la statistique (INE). Un contexte qui tend à diminuer un peu plus le pouvoir d’achat des Espagnols.
En France, le pouvoir d’achat est également en berne… mais les prix à la consommation ont moins augmenté qu’en Espagne. Il s’élève effectivement à 2,2 % sur un an au mois de mai 2024, comme en avril 2022, selon les données provisoires publiées par l’Insee. Une inflation qui se stabilise donc de l’autre côté des Pyrénées.
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