Un quart des commerces barcelonais ouvre désormais tous les jours. Une tendance en augmentation, qui ne met pas tout le monde d’accord.
Photos : Cyane Morel
Face à une demande touristique croissante mais aussi de nouvelles habitudes locales, les magasins sont de plus en plus nombreux à ouvrir sept jours sur sept dans la capitale catalane. Il faut dire qu’une grande partie de l’année, le dimanche est un jour comme les autres dans le centre-ville, en bord de mer et dans les alentours de la Sagrada Familia. Alors ajouter un jour de plus dans le chiffre d’affaires peut paraître tentant. Selon une enquête menée par la mairie de Barcelone, les commerces ouverts le dimanche sont ainsi de plus en plus nombreux, dépassant les 25% et poursuivant une tendance à la hausse observée depuis plusieurs années.
Les principaux défenseurs de l’ouverture dominicale sont les supermarchés, qui composent d’ailleurs près de la moitié des établissements accessibles 7/7. Ils sont suivis des boutiques liées aux loisirs et à la culture. Mais l’ouverture non-stop est encore très loin de faire l’unanimité dans la cité catalane. Malgré une réglementation municipale favorable et un flux touristique constant, plus de 65% des commerçants refusent d’ouvrir le dimanche. Et deux principaux facteurs motivent cette décision : le manque d’affluence de clientèle locale et le besoin de repos.
C’est cette dernière raison qui a poussé Eric, commerçant français dans le gòtic à cesser d’ouvrir le dimanche. « Même si j’ai des employés, je pouvais être sollicité sept jours sur sept, c’était épuisant ». En plus de la fatigue, il ne s’y retrouve pas non plus financièrement. Les employés travaillant le dimanche seront absents un autre jour de la semaine, il faut les charges sept jours sur sept, et les clients ne sont pas plus nombreux. « Depuis que j’ai arrêté, ma boutique s’en porte aussi bien et je redécouvre les dimanches en famille ».
Rentabilité et frein culturel
Selon la dernière enquête municipale, seul un quart des commerces ouverts le dimanche en récolte de plus grands bénéfices, une moitié maintient ses revenus habituels et un dernier quart perd de l’argent. Mais pour le syndicat des patrons des zones touristiques, Barcelona Oberta, il faut persister dans l’ouverture dominicale pour créer de nouvelles habitudes de consommation et installer la ville comme « destination touristique de shopping ».
Des arguments qui peinent à convaincre : 42% des commerçants barcelonais réclament une réglementation plus restrictive, voire l’interdiction d’ouvrir le dimanche. « Il n’y a pas de culture de faire ses courses le dimanche à Barcelone, dans certains quartiers, les commerces n’ouvrent même pas le samedi », explique Jaume, qui tient une quincaillerie dans l’Eixample. « Ce n’est pas une habitude dans notre pays », avait aussi déclaré Juan Roig, le patron de Mercadona, le géant de la grande distribution espagnole. Si l’ouverture 7/7 grappille chaque année un peu de terrain, il semble donc encore loin le temps où nos dimanches ressembleront à des samedis.