Chaque été, Majorque voit un afflux massif de voyageurs. Face aux inconvénients du surtourisme, des milliers de personnes ont manifesté ce samedi à Palma pour exprimer leur ras-le-bol face à une situation difficile à supporter dans la durée.
« Majorque n’est pas à vendre ! ». Tel est le slogan de la manifestation organisée par l’association de riverains Banc de Temps (BdT) de Sencelles. La situation se dégrade au fil des années, et l’agacement des habitants de l’île atteint son paroxysme. L’un des membres du collectif, Pere Joan, dresse un triste portrait de la vie quotidienne de la péninsule en été : « Chaque année, c’est pire, les limites ont été dépassées, la saturation est sur toutes les lèvres. […] Nous n’avons plus de qualité de vie et nous devons mettre des limites à la surpopulation dont nous souffrons », explique-t-il dans les colonnes du journal El Salto Diario. Et pour cause, les chiffres des visiteurs indiquent une augmentation de 16,6 % au cours des trois premiers mois de l’année par rapport à 2023
Des restrictions proposées
Le collectif œuvre pour une sortie de crise. En ce sens, une batterie de mesures ont été suggérées pour débloquer la situation. Parmi elles, se distinguent les limitations sur les voitures de location, la réduction des couloirs aériens et un moratoire sur le nombre de touristes et les méga-croisières accostant à Majorque. « Nous devons faire une étude sur la capacité d’accueil de l’île, que nous pensons déjà dépassée, et affronter le drame du logement, car il touche pratiquement toutes les communes », estime Pere Joan.
En parallèle, l’accès quasi impossible à une location a alimenté le souffle contestation sur l’île. Une vidéo réalisée par BdT de Sencelles, derrière laquelle se trouvent un peu plus d’une centaine de personnes, est devenue virale et a poussé le groupe à organiser une action samedi dernier.
Vers une mise en place de loyers sociaux ?
Joan Rigo, un autre des membres du Bdt de Sencelles, alerte également sur la difficulté d’accéder à un logement. « Nous avons commencé à recevoir des demandes de personnes ne trouvant pas de logement et certains de nos membres ont dû quitter l’île parce qu’ils ne peuvent pas payer les 1.200 euros par mois que demandent les propriétaires pour un appartement. La situation est critique », déplore Joan Rigo. Le riverain estime ainsi qu’une mise en place de loyers sociaux et des limites de prix sont nécessaires auquel cas, « Il n’y a pas d’avenir, ni pour nous ni pour nos enfants », fustige le riverain. Un sentiment qui a gagné tous les recoins des Baléares, mais pas que…
Cette colère n’est effectivement pas isolée. Plusieurs mouvements « anti-touristes », massivement relayés sur les réseaux sociaux, ont vu le jour ces dernières semaines ailleurs en Espagne. À Malaga, capitale du tourisme de « sol y playa » (soleil et plage), en Andalousie (sud), où des autocollants aux slogans anti-tourisme ont investi les murs et les portes des logements touristiques, rapporte par exemple El Pais. Même problématique à Barcelone où des militants ont installé de faux panneaux à l’entrée de certaines plages faisant état de risques de piqûres de « méduses dangereuses » ou de « chute de pierres », afin de faire fuir les potentiels voyageurs. Si le tourisme est un moteur de l’économie ibérique, il est aussi perçu comme une source majeure des dégradations de conditions de vie en Espagne.