Les deux métropoles espagnoles accueillent chacune environ 40 000 étrangers qualifiés chaque année. Mais ce nombre n’a pas la même signification quand on sait que Barcelone abrite deux fois moins d’habitants que Madrid.
Photo de couverture : Bérenger Cyne/Equinox
On les compare souvent, et pour cause. En ce qui concerne les migrations, il est vrai que Madrid et Barcelone attirent des populations similaires : des étrangers du monde entier ayant suivi des études supérieures. Mais lorsqu’à Madrid 40 000 immigrés se fondent dans la masse des 3 millions de Madrilènes, ils se font davantage remarquer dans la cité comtale, où ne vivent qu’1,6 million de personnes.
Selon une étude du Centre d’Etudes Démographiques qui analysait les populations migratoires en 2022, Madrid reste la championne des migrations internes (30 000 personnes viennent de provinces espagnoles contre 10 000 à Barcelone), mais pas celle des migrations externes. En effet, si l’on analyse les chiffres en termes de pourcentage, on remarque que l’immigration en provenance de l’étranger par municipalité en 2022 était de 96 895 dans le cas de Barcelone, ce qui représente 5,85 % par rapport à la population de la ville, et à Madrid, le chiffre est de 150 550, ce qui représente environ 4,51 % de la population de la ville.
Pourquoi Barcelone ?
Mais que pousse donc tant les travailleurs qualifiés à venir s’installer ici ? Antonio López-Gay, directeur du Centre d’Etudes Démographiques, n’a pas la réponse, confie-t-il à nos confrères de La Vanguardia :
« Je ne connais pas les causes. Il y a des gens du Nord et du Sud qui s’installent ici. Dans d’autres pays, il existe des politiques pour les attirer, mais pas ici, et les gens viennent quand même. »
Même sans politique, en cherchant un peu, on trouve tout de même des raisons de s’installer à Barcelone, et ce souvent les mêmes : qualité de vie, météo agréable et atmosphère internationale sont les arguments les plus souvent cités. Et si Madrid partage ces qualificatifs, elle n’a pas la proximité de la mer, qui fait sûrement pencher la balance du côté de la cité comtale.
Les étrangers qualifiés ne sont pas qu’une bonne nouvelle pour Barcelone
Mais ces immigrations massives ont des conséquences pour la population locale. Du fait de la venue de ces travailleurs, dont le niveau de vie est souvent plus élevé que celui des Barcelonais, les prix du loyer augmentent et la population change. Toujours selon l’étude, ces travailleurs étrangers font souvent du télétravail et habitent en général sur la diagonale qui va de la Vila Olímpica à Sarrià.
Du fait de cette position géographique centrale, ils occupent intensément l’espace public. Et si certains immigrés font l’effort de s’adapter à la langue et aux coutumes, d’autres vivent ici en anglais et sans se mélanger à la population locale, ce qui dérègle notablement le paysage socio-culturel barcelonais.