Pedro Sánchez reste Premier ministre après avoir plongé l’Espagne dans une crise institutionnelle

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Le Premier ministre espagnol s’était muré dans le silence durant cinq jours suite à une plainte déposée contre son épouse Begoña Gomez. Depuis mercredi soir, le socialiste laissait planer une menace de démission. Finalement, ce matin à 11h, dans une allocution officielle, le chef du gouvernement a annoncé qu’il restait à son poste.

Photo : La Moncloa

« Je reste » a proclamé Pedro Sánchez ce matin à 11h. Il avait plongé le pays dans une crise institutionnelle inédite depuis le rétablissement de la démocratie. Mercredi soir, dans un long message posté sur le réseau social X (anciennement Twitter) le Premier ministre émouvait le pays en menaçant de démissionner après qu’une plainte fut déposée le même jour contre sa femme, Begoña Gomez, pour trafic d’influence et corruption. Elle aurait globalement aidé des entreprises peu avant la crise du Covid.

Pedro Sánchez affirme se sentir harcelé par la droite et par l’extrême droite. Il est persuadé de la chose car c’est El Confidencial, pure-player de droite, qui a sorti l’affaire, et Manos Limpias, un syndicat classé à l’extrême droite, a ensuite porté plainte contre sa femme devant la justice. Dans sa lettre, l’homme politique disait ne plus pouvoir supporter ça, être amoureux de sa femme et estimer la situation intenable. Une affaire qui fait d’ailleurs écho à celle de François Fillon en France avec sa femme Pénélope il y a quelques années.

Pendant cinq longues journées, le socialiste est resté cloîtré dans le Palais de la Moncloa, siège du gouvernement avec sa femme et ses deux filles, complètement coupé de ses ministres et de son parti socialiste. Sans travailler pour le pays, en ayant annulé son agenda public. Durant ce temps, son parti, le PSOE,  sous le choc, a monté samedi matin une grande manifestation de soutien devant son siège madrilène avec mes milliers d’adhérents venus en bus des 4 coins du pays.

Finalement, ce matin à 11h, Pedro Sanchez, après avoir officiellement informé une heure auparavant le Roi, a annoncé publiquement qu’il restait les ors du Palais de la Moncloa. Alors qu’elle est la raison véritable de ce politico-psychodrame ? Le chef du gouvernement a-t-il monté ce numéro par amour pour sa femme, pour lui éviter de nouvelles critiques de la part l’opposition depuis son affaire de corruption ?

Le timing électoral en ligne de mire ?

On peut quand même émettre un certain doute, puisque l’Espagne se trouve en période électorale. En effet, les élections catalanes auront lieu le 12 mai prochain. Elles seront cruciales, parce qu’elles doivent justement valider la stratégie de Pedro Sánchez.

Pour rappel, il a forcé une amnistie pour que les indépendantistes catalans ne soient plus poursuivis par la justice après l’effet de séparatisme d’octobre 2017. Et ce seront les élections catalanes qui valideront, ou non, cette stratégie. D’autant plus que le candidat socialiste, Salvador Illa, est un proche parmi les proches de Pedro Sánchez : il est son ancien ministre de la Santé.

Autre paramètre à prendre en compte, les élections européennes de juin prochain. Depuis mercredi, la charge émotionnelle chez le peuple de gauche est poussée au maximum pour sauver son Premier ministre déprimé, lutter contre la droite et défendre la démocratie soi-disant menacée par le fascisme selon le verbatim de Sanchez.

Les voltes-faces de Sanchez sont légion. A-t-il osé mettre en scène une fausse démission pour sentimentaliser son électorat  à la veille des cruciales élections catalanes et du scrutin des européennes en juin ?

Pedro Sanchez n’a-t-il pas dit en campagne électorale , il y a deux ans, que « nommer des ministres de Podemos l’empêcherait de dormir comme tous les Espagnols, car ça sera la ruine du pays », pour quelques semaines plus tard offrir à ce parti quatre ministères et la vice-présidence de son gouvernement ? Pedro Sanchez n’a-t-il pas dit en campagne électorale qu’il ferait traduire devant la justice Carles Puigdemont pour qu’il réponde de sa déclaration illégale d’indépendance de la Catalogne, pour quelques mois plus tard pactiser un accord de gouvernement avec le même Puigdemont ?

La démarche de Pedro Sanchez utilise un vocabulaire et une dialectique sentimentale qui provoque la polarisation. D’un côté « la combinaison de la droite et de l’extrême droite organisée en constellations et galaxies avec des médias ultra-conservateurs » pour reprendre les mots du Premier ministre. Qui plus loin ajoutera l’opposition dans cette « fachophére » rejetant ainsi son caractère démocratique. Et de l’autre côté de cet échiquier : Pedro et sa femme Begoña.

Si le chef du gouvernement ne cherche pas à organiser un plébiscite autour de sa figure politique, ça y ressemble fortement.

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