Augmentation des expatriés à Barcelone : les médias s’inquiètent

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Depuis la fin de la pandémie, le nombre d’expatriés à Barcelone ne cesse d’augmenter. Entre écart économique et fracture culturelle, les étrangers s’installant dans la cité comtale sont de moins en moins les bienvenus. 

Photos : Clémentine Laurent/ Equinox

Barcelone n’appartient plus vraiment aux Barcelonais. Impossible, aujourd’hui, de vivre dans le Gòtic, à Poblenou ou dans l’Eixample et de ne parler qu’à des Catalans natifs. On estime à 10% le pourcentage d’expatriés à Barcelone, selon les chiffres de la mairie, et les Français sont la deuxième communauté la plus représentée, derrière les Italiens. Problème, la grande majorité de ces immigrés est issue de pays plus riches que l’Espagne et a donc un pouvoir d’achat supérieur à la moyenne espagnole, faisant ainsi augmenter les prix de l’immobilier et de la vie courante.

Une aubaine pour le commerce et le secteur du tourisme, certes, mais quid des locaux, qui voient avec cette gentrification le prix de leurs commerces enfler d’année en année ? Bien sûr, l’Espagne vit du tourisme, mais n’y a-t-il pas un équilibre à trouver ? C’est ce que semblent penser les Barcelonais et notamment nos confrères de Vilaweb, La Vanguardia et Metropoli Abierta qui consacrent cette semaine tous trois un long article à la transformation de Barcelone par les expatriés.

Le problème de l’intégration

Si l’on sait depuis longtemps que les étrangers sont les causes d’une situation économique compliquée pour les locaux,  Antonio López-Gay, chercheur au centre d’études démographiques de Barcelone, avance un autre souci : celui de l’hypermobilité. Ce terme définit les manières de se déplacer des expatriés, qui ne restent jamais bien longtemps dans une ville. Preuve en est, selon la mairie, un expatrié sur quatre vit ici depuis moins de cinq ans.

Pour le chercheur, ce manque de stabilité géographique crée une faille dans le tissu social méditerranéen, expliquait-il à nos confrères de Vilaweb : « Les villes méditerranéennes reposent sur la cohésion et un tissu social fort, sur la connaissance du voisin et sur une certaine relation avec le commerçant du coin. Mais l’enracinement est difficile quand on a une population hypermobile comme celle-là ».

Les expatriés et l’apprentissage du catalan

Avec cette hypermobilité se pose également le problème de la langue. Lorsque les étrangers s’installent pour peu de temps, beaucoup ne se donnent pas la peine d’apprendre et les jeunes parents vont davantage inscrire leurs enfants dans une école internationale que dans une école hispanophone. D’autant plus qu’à Barcelone, il faudrait dans l’idéal savoir parler castillan, et surtout catalan : un défi parfois trop difficile, qui peut paraître ne pas valoir le coup lorsque l’on ne compte pas rester indéfiniment dans une contrée catalanophone.

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Sans parler la langue, difficile de créer des relations avec les locaux, et les expatriés créent ainsi parfois une micro-société à l’intérieur même de la société catalane. Tous ces facteurs font que les expatriés peuvent être amalgamés à tort avec des touristes, malgré la bonne volonté d’un certain nombre d’entre eux de s’intégrer le mieux possible. Antonio López-Gay nuance tout de même ce bilan négatif et explique que les Barcelonais doivent eux aussi faire des efforts pour encourager l’apprentissage de leur langue : « Nous sommes tous responsables de ne pas parler catalan. S’ils [les expatriés, ndlr] sortent dans la rue et que toutes leurs communications avec les riverains ou avec les magasins sont en espagnol, il est logique qu’ils ne parlent pas catalan. Il y a un travail très important pour les Catalans afin d’affirmer notre langue afin d’éviter qu’elle ne soit remplacée par l’anglais et l’espagnol, comme c’est le cas ».

Si le problème des expatriés est loin d’être réglé, notamment au niveau économique, celui de la barrière culturelle peut se résoudre si Barcelonais natifs et étrangers joignent leurs efforts. Ou du moins, c’est tout ce que l’on souhaite.

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