Édito d’Emilie Poignon, vice-Présidente Centre des Jeunes Dirigeants de Barcelone (2024-2026). Avocate aux barreaux de Barcelone et Paris.
(Image de couverture Julien Impératrice)
Cela fait maintenant plus de 10 ans que j’ai posé mes valises à Barcelone. En 10 ans, je constate que le paysage associatif entrepreneurial n’a cessé d’évoluer. Impossible même d’en dresser une liste exhaustive, les initiatives ne manquant jamais.
Pas plus tard que la semaine dernière, j’ai pris connaissance d’un nouveau groupe d’entrepreneuses qui se réunit mensuellement pour aborder des sujets qui sont dans le champ d’expertise des participantes. Une chose est certaine, les associations d’entrepreneurs(euses) sont devenues pérennes à Barcelone et doivent évoluer pour répondre aux attentes de leurs membres. Certains groupements demandent plus d’investissement que d’autres, et on reçoit souvent en retour bien plus que ce que l’on a l’impression d’apporter.
Pour ma part, je suis lasse des webinars ou des formations en ligne (que je ne termine d’ailleurs jamais) : on a besoin de se rencontrer « pour de vrai », de partager… Plus que des cartes de visites (que plus personne n’a d’ailleurs), j’en
suis convaincue. On ne fera pas mentir Aristote : « L’Homme est avant tout un animal social ». Alors, pourquoi s’engager et comment trouver (encore) le temps de le faire ?
Je crois qu’on s’engage pour trouver du sens, de la valeur dans un échange non-marchand, de l’entraide ou tout simplement être écouté. On apprend tellement en observant l’autre, en changeant de rôle et de perspective. Ce n’est clairement pas à la fac de droit que l’on vous apprend à entreprendre. À l’heure où le monde n’a plus que le mot « intelligence artificielle » à la bouche, qu’il est bon de découvrir et d’expérimenter l’intelligence collective ! C’est la force du Centre des Jeunes Dirigeants (CJD), présent depuis plus de 6 ans à Barcelone et dont je suis membre active depuis 5 ans déjà. Cette doyenne en France (on parle de 1938, tout de même) des associations d’entrepreneurs est une toute « jeune fille » à Barcelone, si on la compare à la section de Pau, sa marraine, qui a plus de 80 ans. À Barcelone, nous sommes 25 membres et nous avons pris l’habitude de réfléchir collectivement.
« Je reste persuadée que le milieu associatif est un laboratoire d’idées, de persévérance, mais avant tout de rencontres humaines inspirantes. »
Le CJD représente le temple de l’intelligence collective. On y pénètre via la commission « Découverte Pro » où chaque arrivant dévoile à notre groupe de travail sa problématique, c’est-à-dire « la question qui l’empêche de dormir la nuit ». Celle-là et pas une autre. Grâce à une méthode bien rodée, le groupe aide le Jeune Dirigeant à y répondre. « L’intelligence collective, c’est la capacité d’un groupe d’individus à collaborer pour formuler son futur et y parvenir dans un contexte complexe », disait Noubel. Un groupe en Intelligence Collective fonctionne avec une assemblée, une intention, une méthode, un facilitateur, des rôles. La responsabilité de la réussite collective est partagée par l’ensemble du groupe et des rôles bien précis sont distribués. Quel peut être l’impact de l’intelligence collective sur l’organisation de l’entreprise et sa gouvernance ?
L’Intelligence Collective vise à libérer la prise d’initiative et l’engagement professionnel. Elle redonne aux équipes le sentiment de maîtrise de leur vie professionnelle en les impliquant dans les orientations stratégiques, la définition de leurs règles de travail et la résolution solidaire de leurs difficultés, comme le stipule la boite à outil « intelligence collective CJD ». Le CJD est un festival d’intelligence collective, presque tout le temps. Une mise en abyme subtile du rôle de chef d’orchestre, que doit être (ou devenir) le patron de toutes entreprises. Je reste persuadée que le milieu associatif est un laboratoire d’idées, de persévérance, mais avant tout de rencontres humaines inspirantes.
En définitive, l’intelligence collective devrait devenir le terrain de jeu de l’entreprise, pour la faire progresser, pour expérimenter et se développer. D’ailleurs, si jamais l’envie vous prend de venir expérimenter des méthodes d’intelligence collective, on me souffle qu’il y aurait des réunions de présentation qui se profilent.