Selon une étude du secteur, la moitié des Espagnols ont déjà eu recours à des soins médico-esthétiques, avec un pourcentage deux fois plus élevé chez les femmes.
Photo : Cyane Morel
La médecine esthétique gagne du terrain dans la péninsule. Si 4 Espagnols sur 10 avouaient y avoir eu recours au moins une fois en 2022, ils sont désormais 5 sur 10. Sous cette appellation, il faut comprendre les interventions dites peu ou pas invasives réalisées en clinique esthétique.
Les cinq traitements les plus demandés en Espagne sont ceux avec lumière intense pulsée (IPL), la mésothérapie puis les injections d’acide hyaluronique, de plasma riche en plaquettes et de botox. « Les Espagnols recherchent une beauté naturelle, avec des traitements qui ne sauteront pas aux yeux, contrairement aux opérations de chirurgie esthétique », souligne un porte-parole de la Société espagnole de médecine esthétique, à l’origine de l’étude.
Sans surprise, la majorité des adeptes de médecine esthétique sont des femmes d’entre 35 et 54 ans. Mais, plus surprenant, 20% des patients ont maintenant entre 16 et 25 ans. Et si certains de ces jeunes viennent traiter leur acné, ils, ou plutôt elles, sont de plus en plus nombreuses à se faire injecter de l’acide hyaluronique ou du botox. « Parce qu’elles ont vu leur mère le faire et que le sujet n’est plus tabou, et parce qu’elles sont constamment scrutées sur les réseaux sociaux », explique la sociologue Alejandra Nuño.
Une pratique en plein boom
Avec ces nouveaux marchés plein d’avenir, les cliniques esthétiques poussent comme des champignons avec une augmentation de 118% en 10 ans. Plus de 7000 établissements pratiquent la médecine esthétique en Espagne, un record. C’est plus que le nombre de centres pédiatriques ou ophtalmologiques. Avec à la clé, un chiffre d’affaires national qui se compte en milliards d’euros.
Mais derrière cet engouement, les experts alertent sur les risques d’excès. Car si prendre soin de son aspect physique améliore le bien-être et l’estime de soi, « il est important d’équilibrer le désir d’améliorer son apparence avec la santé mentale et émotionnelle », prévient l’experte en comportement psycho-social Claudia La Mata.
Notre rapport à la jeunesse peut-il finir par nous rendre un peu (beaucoup) fous à l’image des héros du film Rock’n roll de Guillaume Canet ? « Tout vient du fait que nous ayons une vision très laide de la vieillesse, poursuit la psychologue, nous nous focalisons sur ce que nous perdons en beauté mais pas sur ce que nous gagnons en expérience et en sagesse ». Deux valeurs effectivement inconnues des algorithmes.