Un conflit éclate entre les pêcheurs du vieux port de Barcelone et les organisateurs de l’America’s Cup. Explications. (Article mis à jour le mercredi 13 septembre avec la réaction du Port de Barcelone)
Photos : Clémentine Laurent
À Paris, les autorités voulurent expulser les bouquinistes du bord de la Seine dans le cadre de l’organisation des Jeux olympiques. Avant de faire marche arrière après la résistance des commerçants. À Barcelone, c’est le même genre de lutte que mènent les pécheurs de la Barceloneta, cette fois, autour de la mise en branle de l’America’s Cup.
Les dirigeants sportifs ont convenu avec le concessionnaire de Port Vell d’expulser les pêcheurs de la Barceloneta de leurs digues du Moll del Rellotge. Sans en informer, ni obtenir l’accord, ni prévoir d’indemniser les près de 50 travailleurs de neuf chalutiers. La future expulsion est la dernière provocation de la Copa America qui est en conflit ouvert avec les pêcheurs de la ville.
Les marins se voient restreindre la navigation dans les eaux de Barcelone durant les trois mois de compétition, ce qui signifie déjà des pertes de milliers d’euros pour les familles de pêcheurs. Par ailleurs, les ventes de la criée sont annoncées en chute lutte libre en raison des réductions des autorisations de circulation et des restrictions sur la mobilité dans toute la zone. En effet, là où s’installent les équipes, le public n’est plus le bienvenu.
Les pêcheurs, qui ont vu d’autres tempêtes, ne comptent pas jeter l’éponge si facilement. Les familles veulent, au minimum, une compensation financière basée sur le calcul des pertes générées par l’inactivité pendant les mois de compétition et la diminution du flux commercial dans le Moll de Pescadors de la Barceloneta. D’autant plus que les prochaines semaines sont les meilleures. En effet, c’est durant l’été que le secteur gagne le plus d’argent.
Le Port de Barcelone ne partage pas les craintes des pécheurs et va même jusqu’à les démentir. L’autorité portuaire signale à Equinox que seuls 8 des 22 bateaux, à savoir les chalutiers, seront affectés par l’événement sportif. En octobre, les bateaux n’ont pas le droit de sortir en mer selon une norme de l’Union européenne et enfin pour le mois de septembre, le Port assure que des négociations sont « actuellement en cours entre la Copa América, la Guilde des pêcheurs et la Direction générale des pêches pour tenter de résoudre le problème de la meilleure façon possible ».
Un coup d’arrêt qui pourrait se transformer en coup de grâce, tellement le monde de la pêche est en mauvaise santé dans la capitale catalane. Au début des années 90, Barcelone comptait une cinquantaine de bateaux de pêcheurs. Aujourd’hui, il n’y a même pas la moitié puisqu’il n’en reste qu’une petite vingtaine.
