L’Europe est sous tension avec un risque d’expansion du conflit entre l’Ukraine et la Russie. Les tambours de guerre résonnent et les pays se préparent au pire. Passage en revue de la situation en Espagne.
Un Vladimir Poutine menaçant, un Donald Trump désengagé du sort de l’Union européenne inquiètent. Scénario catastrophe : le Russe attaque un pays appartenant à l’Otan, et l’Américain de retour à la Maison blanche refuse de respecter le traité obligeant les Etats-Unis à venir en aide à une nation membre se trouvant sous la mitraille. « L’Europe n’a qu’à payer plus pour sa propre défense », a argué lors d’un meeting des primaires républicaines Donald Trump. Et le conservateur américain a mis le doigt dans l’œil de l’UE.
Depuis lors, de la Suède aux Pays-Bas, en passant par l’Allemagne ou le Royaume-Uni, les responsables politiques et militaires adressent à leurs populations des avertissements sur la possibilité de l’extension de la guerre en Ukraine au reste du continent et à la nécessité de « mentaliser » un futur conflit. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ne dit pas autre chose : « l’Europe doit se réarmer, revoir sa politique de défense et son budget en la matière ». En adressant tout de même un peu d’optimisme : « la menace de guerre n’est peut-être pas imminente, mais elle n’est pas impossible ».
« La guerre est proche » répond le ministre de la Défense allemand. Ce qui est sûr, c’est que Vladimir Poutine scrute les faiblesses des nations considérées comme ennemies. Avec des mesures plus fermes, l’Europe espère éloigner toute tentation belliqueuse du Kremlin.
Investir dans le budget militaire
L’objectif de Bruxelles réside dans un investissement militaire des États membres à un minimum de 2% du PIB. La moyenne est actuellement de 1,85 %. En Espagne, 1,3%. Cependant, le Premier ministre socialiste Pedro Sanchez veut rattraper le retard. Cette année, Madrid a augmenté son budget militaire de 19,3%. C’est la 3e plus forte progression après la Suède (+30,1%) et la Lituanie (+27,6%), deux pays placés dans la zone la plus à risque en raison de la proximité géographique avec la Russie.
Dans l’axe du Sud, éloigné mentalement et physiquement du risque d’invasion, l’Espagne est la seule nation à booster son armée. La France, l’Italie et le Portugal ne connaissent pas le même effort avec une hausse respective du budget militaire de 0,7, 2 et 0,1%. Malgré les déclarations martiales du président Macron, la France ne consacre que 1,8 % de son PIB àrsa défense.
Retour du service militaire
C’est José Maria Aznar qui a suspendu le service militaire espagnol en 2002. Participant majeur dans la guerre d’Irak au côté des Etats-Unis, le Premier ministre conservateur n’a pas pris cette mesure de bon cœur. Sans majorité pour gouverner, il a dû faire appel aux députés régionalistes catalans. Historiquement pacifistes, sous la houlette du président de la Generalitat Jordi Pujol, ceux-ci ont imposé la mesure à Madrid.
Dans la préparation des populations á la guerre, les hauts responsables militaires européens entendent un retour des jeunes hommes sous les drapeaux. En 2024, la Lituanie, le Danemark, la Suède, la Norvège, la Finlande, la Lettonie, l’Autriche, la Grèce et l’Estonie disposent d’une forme de service militaire obligatoire.
Pour que les jeunes Espagnols se convertissent en bidasses, les experts militaires, défenseurs de la mesure, en appellent directement à la Constitution espagnole qui déclare que « la défense de l’Espagne est un droit et une obligation ». Cependant, politiquement, seul le parti de droite nationaliste Vox appelle au retour du service militaire obligatoire. Le Premier ministre espagnol, quant à lui, au détour d’une interview, a fait une confidence. Lors de sa jeunesse, Pedro Sanchez a été appelé sous les drapeaux. Son souvenir : « une énorme perte de temps ».
Par ailleurs, restaurer le service militaire entraînerait une dépense énorme pour l’État. Il faudrait réformer les casernes et acquérir des armes et du matériel pour les entraînements. Mais aussi adapter les techniques exclusivement utilisées aujourd’hui par 122 850 militaires professionnels. Ce qui ne peut pas se faire du jour au lendemain.
Les forces politiques pro-russes
Ce qui inquiète, enfin, l’establishment européen, ce sont les formations politiques supposément pro-russes et potentiellement pilotées depuis le Kremlin. A tort ou à raison, en France, le Rassemblement National, la France Insoumise et Reconquête sont régulièrement pointés du doigt.
En Espagne, le Premier ministre socialiste estime nécessaire un cordon sanitaire contre Vox, suspecté, lui aussi, d’accointance avec Vladimir Poutine. Pourtant, Pedro Sanchez vit sa lune de miel avec Carles Puigdemont. Sans majorité parlementaire, Sanchez a besoin du soutien des députés indépendantistes catalans au Parlement. Or, Carles Puigdemont est cité par un juge d’instruction dans l’affaire Volhov. Dans une ordonnance, le président du tribunal d’instruction numéro 1 de Barcelone, Joaquín Aguirre, enquête sur les liens présumés des proches de Puigdemont avec la Russie qui aurait soutenu financièrement le processus indépendantiste afin de déstabiliser un pays de l’Union européenne. L’ancien président catalan pourrait être poursuivi pour haute trahison. Il dément et dénonce un complot de la justice espagnole à son endroit.