« Mon rapport au travail a changé depuis que je vis à Barcelone »

Espagne

En s’installant dans de nouvelles contrées, les expatriés sont confrontés à une nouvelle culture du travail. À Barcelone, les Français s’accordent généralement sur le fait que le monde professionnel n’empiète pas sur la vie privée.

Travail, entourage, habitudes, langues… S’installer à l’étranger apporte son lot de changements. Et pour certains expatriés, le rapport au travail peut se métamorphoser tant les facteurs culturels diffèrent d’un pays à l’autre. Pour Clémence, 36 ans, la vie à Barcelone lui a permis de trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle.  « En France, j’étais cadre dans le marketing, je ne comptais pas mes heures », confie-t-elle.

La Rennaise d’origine, décide alors de changer d’air. Très vite, l’Espagne se présente comme la destination idéale. « Le pays présente plusieurs avantages : il est membre de l’Union européenne, ce qui facilite les démarches et est proche de la France. » Désireuse de vivre au bord de la mer, la cité comtale devient alors une option privilégiée. D’autant plus que la capitale catalane dispose d’offres d’emplois attrayantes, plus particulièrement pour les expatriés dotés d’un statut de cadre. Ainsi, en 2021, Clémence y dépose ses valises.

« Le travail n’est pas au centre de tout »

Si la péninsule ibérique n’est pas si loin de l’Hexagone, les différences culturelles sont grandes selon l’expatriée. « En France, notre travail nous définit beaucoup. Par exemple, quand on rencontre de nouvelles personnes, la question ‘Tu fais quoi dans la vie ?’ arrive très rapidement dans la conversation », remarque la Rennaise.

Selon elle, les Espagnols ont plus de recul sur leurs activités professionnelles. « Ici, le diplôme importe moins qu’en France, on peut monter les échelons ou changer de poste sans avoir les études adéquates, l’important est d’être compétent », analyse Clémence. Un constat partagé par Arthur, 39 ans, qui exerce dans l’immobilier à Barcelone depuis 7 ans. « En France, on avait le sentiment que le fait de se donner à son travail était valorisé, que nos supérieurs attendaient qu’on fasse plus que ce qui nous était demandé. Ici, c’est complètement différent, le bien-être passe avant tout, et la proactivité n’est pas mis sur un piédestal », estime-t-il.

Moins de pression

Cette différence de vision, selon Arthur, est visible lorsqu’un employé a du retard sur un dossier. Il constate que la pression est plus modérée en Espagne. « Avec notre vision française, on a tendance à se dire qu’il faut faire des heures supplémentaires pour le boucler une mission à temps, À Barcelone, les collègues vont relativiser et repousser à demain la date butoir », sourit-il.

travail Espagne france

Photo : Vicent Zambrano Gonzalez/Ajuntament

En parallèle, le marché du travail espagnol se démarque par un turn-over plutôt courant. « Ici, c’est fréquent de licencier, et moins tabou d’admettre qu’un employé ne fait pas l’affaire », remarque le Français originaire de Paris.  « La rupture de contrat en Espagne peut se faire en 15 jours, et ce, même après une période d’essai », nous expliquait Sophie Lanse, co-fondatrice l’agence de recrutement Will RH à Madrid.  A contrario, en France, un processus de licenciement peut s’étendre jusqu’à trois mois. « Les deux pays présentent en quelque sorte les deux extrêmes. En France, c’est trop long et en Espagne trop court », ironise la co-fondatrice de Will RH. Ce qui pourrait expliquer un niveau de pression moindre dans le pays de Don Quichotte par rapport à l’Hexagone.

Découvrir un nouveau cadre

En étant fraîchement installé dans une nouvelle ville, vadrouiller et profiter de son temps libre sont d’autant plus tentant. En conséquence, un expatrié pourrait potentiellement être plus enclin à mieux gérer son temps de travail pour mieux s’acclimater à son cadre de vie. « Quand je suis arrivée à Barcelone, je voulais m’imprégner de la culture locale », se remémore Clémence.

Pour cela, la Française a enchaîné les sorties pour découvrir le mode de la vie à l’Espagnole et se sentir comme chez elle. « J’écumais les bars avec des amis que je venais de rencontrer, je me suis rendue compte que même passé 30 ans, les gens ont une vie sociale toujours aussi riche », se réjouit-elle. Clémence admet même avoir retrouvé cet attrait pour les sorties nocturnes, qu’elle n’avait plus à Rennes, dans la Cité comtale. Pour elle, Barcelone lui a conféré un rapport au travail « plus sain ». En somme, l’expatriation est aussi une manière de changer sa vision du monde professionnel, à l’heure où l’équilibre entre vie privée et professionnelle est de plus en plus recherché par les salariés.

« Je me suis senti déraciné en m’installant à Barcelone »

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