Alors que la France figure parmi les pays européens où la consommation de viande est la plus élevée, certains de ses ressortissants ont fait le choix de passer au végétarisme ou au véganisme. Nous sommes allés à la rencontre de ces Français végétariens à Barcelone.
Actuellement, les Français consomment en moyenne 900 grammes de viande par semaine. La France est un des pays d’Europe où l’on consomme le plus de viande, derrière l’Espagne et le Portugal, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO). Selon une étude de Réseau Action Climat et de la Société Française de Nutrition (SFN), si les Français réduisaient de 50 % leur consommation de viande, cela permettrait d’atteindre les objectifs climatiques pour 2050 du secteur agricole.
Certains l’ont déjà compris depuis longtemps : c’est le cas de Vivien, Français de 34 ans qui vit à Barcelone depuis cinq ans. Il est vegan depuis presque six ans « par conviction scientifique ». « J’ai regardé des documentaires sur Netflix, et j’étais déjà un peu sensibilisé au végétarisme, car ma sœur est vegan depuis très longtemps », explique-t-il. Son déclic repose sur trois causes : « Les deux principales, c’est la santé et l’environnement, puis vient la cause animale. Manger de la viande, cela consomme beaucoup de ressources », indique-t-il.
Un choix qui s’est fait du jour au lendemain, sans encombre, souligne-t-il. Il n’a pas non plus rencontré d’obstacles particuliers à Barcelone pour consommer vegan. « C’est une des villes du top mondial où il est le plus facile de vivre pour les vegans », affirme-t-il. Même si « les Espagnols consomment vraiment beaucoup de viande, et j’ai découvert ici qu’ils utilisent généralement du Saindoux dans les boulangeries, par exemple. Alors qu’en France, on utilise du beurre. Donc il faut réellement faire attention, on peut vite se faire avoir », pointe-t-il.
Un manque de variété pour les Français végétariens à Barcelone
Amélie et son épouse Anne-Lise partagent une expérience similaire. Elles ont fait une croix sur la viande « du jour au lendemain, sans diminuer progressivement, après avoir regardé un documentaire sur le véganisme », expliquent-elles. « On s’est dit avec ma femme : « à partir de demain, on arrête tout ». On s’est serré la main et cela fait maintenant 4,5 ans que nous n’avons jamais re-mangé de viande. Au début, c’était principalement pour des raisons de santé plutôt que pour des préoccupations environnementales. Aujourd’hui, bien sûr, c’est pour ces deux raisons que nous maintenons ce choix. Et, nous ne regrettons absolument pas notre décision », affirme Amélie.
Un choix également engagé pour la cause animale. « Les conditions de vie souvent inadéquates dans les élevages industriels, les méthodes d’abattage parfois cruelles et les traitements inhumains infligés aux animaux tout au long de la chaîne d’approvisionnement sont des aspects effarants de cette industrie », soutient-elle.
Contrairement à Vivien, Amélie et sa compagne admettent toutefois avoir eu du mal à trouver des alternatives végétariennes dans la cuisine catalane, surtout au début. « Comparé à nos voisins du nord, trouver des options végétariennes peut être un peu plus compliqué », indiquent-elles. « Mais on a découvert des restaurants sympas, et on n’hésite pas à demander à remplacer certains produits dans les plats. Toutefois, le truc un peu lassant, c’est que lorsque nous allons dans un resto non végétarien avec des amis ou même dans des chiringuitos en été, les options proposées sont toujours les mêmes, donc cela manque de variété », regrette-t-elle.
Du côté de leur entourage, ni Vivien, ni Amélie et sa femme ne souffrent de jugement malgré l’amour des Français pour la viande. « Le seul souci, c’est de savoir quoi cuisiner ou acheter quand nous allons chez eux, mais dans l’ensemble, ils sont compréhensifs et respectueux de notre choix », conclut Amélie.