Édito de Nico Salvado, fondateur d’Equinox.
Les chiffres de la sécurité à Barcelone ne sont pas bons. Selon les données dévoilées par le conseil de sécurité cette semaine, en 2023, il y a eu 8,6% d’actes criminels de plus dans la ville qu’en 2022. Au total, 209 805 plaintes ont été enregistrées, dont près de la moitié était des vols.
Des vols commis avec violence sont en augmentation de 4,6%. L’arrachage des téléphones portables concerne un vol sur deux, suivis des sacs à main (17,6%), des montres (8,7%) et des bijoux (également 8,7%). Dans un tiers des cas, la victime a été blessé.
Divers facteurs peuvent expliquer ce phénomène. L’arrivée d’Ada Colau, et son image de laxisme, n’a pas envoyé un message positif pour la sécurité de la ville. Durant le premier mandat en tout cas (2015-2019). Lors de la réélection de la mairesse, le très sécuritaire Albert Batlle a repris le contrôle et soutenu sans faille la police municipale. Il est toujours en charge de la sécurité barcelonaise aujourd’hui sous la houlette du maire socialiste Jaume Collboni.
Par ailleurs, une guerre des polices fait rage entre la Guardia Urbana et les Mossos d’Esquadra. Les premiers, la police municipale, disposent sur le papier de prérogatives limitées, tandis que la seconde est la police intégrale de Catalogne. Si à la base la Guardia Urbana doit principalement gérer la circulation, les incivilités et les conflits mineurs comme le tapage sonore. En raison du manque criant de Mossos, les agents municipaux s’occupent de la sécurité quotidienne et des flagrants délits. Allant même jusqu’à participer à des opérations anti-drogues aux côtés des Mossos. Le ministère catalan de l’Intérieur, en charge directe des Mossos d’Esquadra, mais aussi de la coordination avec les polices municipales du territoire, a décidé de rappeler les limites et de retirer la Guardia Urbana des affaires hors de ses périmètres. Ce qui forcément provoque découragement, grogne et désorganisation sur le terrain.
Le ministère catalan de l’Intérieur estd’ailleurs en proie à l’instabilité chronique, secoué par le processus indépendantiste, également à souligner. Entre 2010 et aujourd’hui, pas moins de sept ministres de l’Intérieur se sont succédés. Soit un changement d’organigramme tous les deux ans. Les limogeages et démissions sont dus aux crises indépendantistes, où le rôle de la police, dirigée par la Catalogne mais au service de l’Espagne, a forcément un impact sur le quotidien des patrouilles de sécurité dans les rues de la ville.
Enfin, le déferlement des mineurs isolés en provenance du Maghreb est selon la police, en off the records, une grande cause de la montée de l’insécurité dans la capitale catalane. Sans famille, non scolarisés, pris en charge pour le gouvernement catalan, ces jeunes dont les géniteurs restés au pays ont voulu se débarrasser, rodent dans les rues à la recherche de touristes distraits ou de passants peu méfiants.