En France, le chassé-croisé des vacances a débuté. La SNCF a décidé, encore une fois, de déposer un préavis de grève durant tout le week-end alors que l’affluence dans les gares sera à son paroxysme. En Espagne, les grèves de la Renfe sont moins fréquentes. Pourquoi ?
Le week-end s’annonce compliqué pour les plus d’un million de voyageurs attendus sur le réseau SNCF. Alors que les Français s’apprêtent à se déplacer à l’occasion des vacances d’hiver, les syndicats de l’entreprise ferroviaire française ont annoncé un mouvement de grève jusqu’à lundi 19 février à 8h.
À l’initiative de ce mouvement, le Collectif national ASCT (CNA). Il s’était formé sur Facebook en dehors de tout cadre syndical, et était à l’origine d’un mouvement social fin 2022. Cet épisode avait abouti à un accord de sortie de crise avec la direction de la SNCF. Cependant, d’après les contestataires, les conditions de l’accord n’ont pas été mises en œuvre, et ce, sur plusieurs points. Les syndicalistes se sont ainsi emparés de cette contestation. Ils se disent d’ailleurs animés par une « volonté d’aller jusqu’au bout du conflit si la direction ne cède pas », a expliqué Fabien Villedieu, délégué de Sud-Rail, sur le plateau de franceinfo.
Les raisons du mouvement
Une prime spécifique aux contrôleurs et une hausse des salaires pour les conducteurs sont au cœur de la discorde. Le texte de sortie de crise comprenait une augmentation de cette prime spécifique à hauteur de 600 à 720 euros par an et une hausse des salaires. Les chefs de bord ont obtenu « 500 euros mensuels en deux ans », a insisté ce mercredi Christophe Fanichet, PDG SNCF Voyageurs. En parallèle, les syndicats et le CNA réclament une augmentation de 500 euros de la prime de travail et ne se satisfont pas du versement d’une prime de 400 euros à tous les cheminots, le 1er mars.
Au-delà de ces revendications financières, les questions relatives à l’élargissement de la cessation progressive d’activité (CPA), qui devaient être discutées, n’ont toujours pas été abordées, dénonce Sud-Rail. Ce dispositif permet aux salariés de cesser de travailler, de manière progressive, avant de partir à la retraite. Sur ce point, le syndicat réclame un dispositif de CPA de 78 mois, soit six ans et demi. Cela doit « gommer les effets néfastes des réformes successives des retraites ». Autant de doléances qui cristallisent le débat et qui aboutissent à des mouvements sociaux… au détriment des voyageurs.
Culture de la grève
Révolution française, Commune de Paris ou plus récemment la série de grèves contre la réforme des retraites, les Français sont réputés pour être un peuple révolutionnaire et contestataire. Une caractéristique qui peut parfois susciter des interrogations à l’étranger, et au sein même du pays. Quoi qu’il en soit, cet esprit rebelle, cher aux Français, classe le pays en première place des États où les mouvements sociaux sont les plus nombreux.
Ainsi, on peut expliquer cette récurrence des grèves de la SNCF par cette culture de la manifestation bien ancrée de l’autre côté des Pyrénées. Une situation qui agace jusque dans les plus hautes sphères françaises. Effectivement, les chefs de file des Républicains (LR) ont réclamé, le 15 février dernier, une réforme pour « encadrer » le droit de grève. Objectif partagé par le président du Sénat Gérard Larcher, qui a lui aussi regretté sur BFM-TV-RMC que les usagers soient « une fois encore pris en otages d’une négociation sociale ». « La grève doit être l’arme ultime », mais elle est « devenue un instrument de la négociation », a-t-il ajouté, souhaitant à son tour « prendre des dispositifs qui fassent que cet usage de la grève ne soit pas une prise d’otages ». Une proposition qui pourrait, à l’avenir, diminuer le nombre de mouvements sociaux à la SNCF ?
Hausse des grèves en Espagne ?
En Espagne, les grèves sont nettement moins fréquentes. Il faut avouer que contrairement à la France, les manifestations sont moins ancrées dans les habitudes espagnoles. Cependant, ces derniers mois, les voyageurs ont pu constater une hausse de perturbation sur le réseau ferroviaire en raison de mouvements sociaux. Dernier en date, le 9 février 2024.
Le syndicat Commissions ouvrières (CCOO) réclame effectivement une hausse des salaires pour les nouveaux embauchés à la Renfe et la mise en œuvre de la semaine de 35 heures pour les salariés de l’Adif, entreprise gérant le réseau ferroviaire espagnol. Ainsi, le bilan de la grève s’est soldé par l’annulation de 310 trains, dont 89 trains à grande vitesse. Si pendant des années, l’Espagne était plus ou moins épargnée par les grèves, il semblerait que le souffle contestataire, si cher aux Français, se répand dans la péninsule ibérique.
La grève de la Renfe annulée après un accord avec le gouvernement