À Barcelone, les touristes et néo-résidents français se font remarquer pour un détail peu glorieux… Traverser la rue au feu rouge ! Une étude démontre même que ce phénomène serait une question de culture.
Photo : Clémentine Laurent Photographie
C’est un cliché dont les Français auraient pu se passer. En balade à Barcelone, les plus observateurs constateront que les riverains ne traversent pas la chaussée lorsque le feu est rouge. Et ce, même si aucune voiture ne circule. À l’inverse, les téméraires qui osent traverser au feu rouge se révèlent, bien souvent, être Français. Si ce détail peut paraître anecdotique, il cache en réalité une habitude liée à la culture et à une forme de pression sociale.
« On reconnaît les Français à ce comportement »
Florence Siguret, guide touristique pour Barcelona Autrement confirme ce phénomène. Durant ses visites, elle explique que les touristes transpyrénéens plaisantent lorsque la guide attend patiemment que le feu passe au vert. « C’est à ce comportement qu’on reconnaît les Français, on en rigole d’ailleurs pendant les visites », ironise Florence. Par ailleurs, selon un sondage mené sur les réseaux sociaux d’Equinox, 74 % des votants français affirment traverser un axe routier alors que le feu est rouge.
Cependant, si cette habitude semble typiquement française, les expatriés s’adapteraient plutôt rapidement aux mœurs espagnoles. Et pour cause, cette infraction attise la colère des automobilistes. « Ici, les taxis ou voitures accélèrent ou klaxonnent quand un piéton traverse alors que ce n’est pas le moment », confie Florence. Un mécontentement qui dissuade rapidement de faire une entorse au code de la route ! Au-delà de la simple observation, une étude publiée en 2017 va plus loin dans l’analyse.
Manque de discipline
Une équipe française de scientifiques a décortiqué le comportement des piétons. Pour cela, elle a mené une enquête dans trois lieux de Strasbourg et dans quatre endroits de Nagoya (Japon). Un total de 5.445 traversées de la chaussée a été décrypté. Les chercheurs ont établi qu’en présence d’autres piétons, 41,9 % des Français avaient traversé au rouge contre seulement 2,1 % des Japonais.
« C’est vraiment la culture qui est différente, la pression sociale. Ce n’est pas parce que la crainte d’avoir un PV serait plus importante au Japon qu’en France. C’est parce que les gens ont peur de la réaction des autres personnes », déclarait en 2017 Cédric Sueur, biologiste CNRS à l’Université de Strasbourg et co-auteur de l’étude interrogé par l’AFP.
« Le Français est moins dans le respect des règles. C’est son côté libre. Du coup, il décide de traverser quand il en a envie. Et, en France, on se soucie peu du regard social », ajoute Cédric Sueur. Quitte à prendre des risques !