Pour la première fois depuis 2017 et le référendum catalan, les défenseurs de l’unité de l’Espagne se sont réunis en masse à Barcelone ce dimanche. Ils entendaient protester contre le projet d’amnistie promise aux indépendantistes.
Photo : Societat Civil Catalana
Vendredi dans le cadre du sommet européen organisé à Grenade, Pedro Sánchez parlait pour la première fois d’une amnistie générale pour toutes les personnes poursuivies dans le cadre du référendum interdit de 2017, « une façon d’essayer de surmonter les conséquences judiciaires d’une des pires crises de l’histoire de notre démocratie ». Et d’obtenir les voix des députés indépendantistes pour pouvoir rempiler un mandat de plus à la Moncloa.
Après l’échec de l’investiture du leader du Partido Popular Alberto Núñez Feijóo, c’est maintenant à l’actuel Premier ministre par intérim d’aller tenter sa chance au parlement. Et il va devoir ratisser très large pour pouvoir obtenir la majorité nécessaire. Alors après avoir accepté que le basque, le catalan et le galicien deviennent des langues officielles au parlement espagnol, le socialiste va aussi devoir céder sur le grand pardon judiciaire s’il veut pouvoir compter sur les voix d’ERC (indépendantistes de gauche) et de Junts (indépendantistes de centre droit). L’accord serait d’ailleurs déjà passé selon le président catalan Pere Aragonès, qui négocie maintenant une date de référendum d’autodétermination.
« Puigdemont en prison »
Pour les unionistes, c’en est trop, la perspective d’une grande amnistie est insoutenable. A l’appel de l’association Societat Civil Catalana, 50.000 personnes ont donc manifesté ce dimanche en fin de matinée dans le centre de Barcelone pour crier leur désapprobation. Elles ont été rejointes par plusieurs personnalités de la droite espagnole, comme Alberto Núñez Feijóo et Isabel Ayuso du Partido Popular, et de l’extrême droite, avec notamment le leader de Vox, Santiago Abascal.
ÚLTIMA HORA| INCREÍBLE manifestación en Barcelona contra la amnistía y el golpe de Estado de Sánchez. Somos miles. pic.twitter.com/cIPC6LvwKQ
— Unai Laño (@LanoUnai) October 8, 2023
Sur scène, la présidente de Societat Civil Catalana a défendu le « constitutionnalisme uni » et réclamé le retour sur « le chemin de la concorde ». Dans la foule, les manifestants scandaient « Puigdemont en prison » ou « Sánchez le traître », et arboraient des pancartes « ni amnistie ni autodétermination ».
Car si la perspective de blanchir les indépendantistes condamnés pour sédition et détournement de fonds publics n’enchante pas les unionistes, c’est celle d’un référendum autorisé par Madrid qui effraie le plus. Mais c’est aussi l’issue la moins probable puisqu’elle nécessiterait une réforme de la Constitution. Et l’actuel panorama politique ne permettrait pas un consensus suffisant pour la réaliser.