Le leader de la droite espagnole Albert Feijóo est arrivé en tête des élections législatives, ce qui lui donne le droit de tenter d’être investi Premier ministre ce lundi devant le Parlement. Une mission toutefois impossible, faute de majorité claire.
La situation politique en Espagne est extrêmement compliquée. Le leader de la droite (Partido Popular – PP) présente ce mardi son programme de gouvernement devant les députés lors d’une solennelle session d’investiture au poste de Premier ministre. Cependant, le total des parlementaires du PP et de son partenaire Vox (extrême droite) ne permet pas de dégager une majorité. Sauf coup de théâtre, Albert Feijóo ne sera pas investi Premier ministre demain soir lors du vote des députés. Ce sera alors au tour du socialiste et chef du gouvernement par intérim Pedro Sánchez de tenter sa chance d’ici à quelques semaines.
De fait, le discours de Feijóo est une critique implacable de son rival socialiste. Et surtout de son projet de présenter une loi d’amnistie afin de gommer les condamnations judiciaires qui frappent les leaders indépendantistes depuis la déclaration de sécession d’octobre 2017. Car Pedro Sanchez n’a pas non plus de majorité naturelle et devra pactiser avec Carles Puigdemont pour obtenir le soutien des parlementaires indépendantistes pour être investi pour un nouveau mandat de Premier ministre.
» L’amnistie n’est ni légalement ni éthiquement acceptable », a commencé Feijóo. Avant de développer son concept : l’égalité pour tous les Espagnols. « Ce que propose le mouvement indépendantiste, outre qu’il s’agit d’une aberration politique et morale, c’est une attaque directe contre le vivre-ensemble, […] nous ne pouvons pas permettre aux indépendantistes de décider pour tous les Espagnols ». Pour dissuader toute nouvelle tentative de sécession, Feijóo propose de créer un délit de déloyauté constitutionnelle et d’augmenter les sanctions en cas de détournement de fonds.
Concorde nationale
Le chef de la droite accuse Pedro Sanchez d’être un diviseur de la société espagnole, tandis que le conservateur serait le garant de la concorde nationale : « j’aspire à gouverner pour tout le monde, pas au goût de tout le monde, car cela est impossible, mais sans provoquer de ruptures sociales absurdes dues à l’origine, à la langue, à l’âge, à la race, au sexe, à la religion ou à l’orientation sexuelle ».
Feijóo a également livré un constat sans appel du bilan économique du gouvernement sortant : « l’Espagne est le pays européen dont les citoyens sont devenus les plus pauvres et la Banque d’Espagne prévoit une nouvelle hausse de l’inflation l’année prochaine ». En solution, Feijóo propose de réduire l’impôt sur le revenu pour les foyers modestes et la classe moyenne, et baisser la TVA de manière provisoire sur les aliments.
Avec ce discours, Alberto Feijóo se prépare à être le chef de l’opposition, ou encore mieux pour la droite, à une entrée en campagne en cas de retour aux urnes. Car Si Pedro Sanchez n’arrive pas à trouver un accord avec les indépendantistes, une nouvelle élection nationale aura lieu le 14 janvier prochain.