Touristes malvenus aux fêtes de Gràcia à Barcelone. Dès le coup d’envoi du célèbre évènement du mois d’août, le quartier s’est paré de décors supplémentaires : des tags tourismophobes. Un phénomène récurrent, qui tient son explication.
Fêtes de Grácia à peine commencées à Barcelone, et déjà inondées de décors « bonus ». Mais ceux-là, sont loin de rentrer dans les thèmes des 23 rues ornées par les habitants pour l’évènement. Dans les coins d’avenues, au détour d’un commerce ou en toile de fond des univers conçus en matériaux recyclés, se lisent en majuscule : « Tourist go home ». Des graffitis, en anglais pour la plupart, incitant les touristes à “rentrer chez eux”.
Déjà lors de la dernière édition, ces tags avaient tâché le quartier dès l’ouverture des fêtes. Mais cette année, ils semblent avoir pris un degré supplémentaire. Au moins une vingtaine ont été observés mardi 15 août, pour le premier jour. L’un d’entre eux ajoute : « We spit in your beer », soit « on crache dans ta bière » en français.
Autre cap franchi : celui d’écrire en catalan, la langue régionale. Histoire de rappeler aux visiteurs dans quelle région ils se trouvent. « Són festes de barri si hi ha més turistes que veïnes ?« , « Est-ce encore des fêtes de quartier s’il y a plus de touristes que de riverains? »
Potser els veïns de Gràcia s’estimen més uns quants turistes que no pas que uns vàndals els empastifin les parets. pic.twitter.com/Ai4VewMKib
— Daniel l’Entortolligat (@pronomboig) August 15, 2023
Plus que la colère, la peur de perdre des traditions
Il faut dire que dans le quartier, le ton est monté entre les touristes et les habitants. De nombreux étrangers auraient critiqué le bruit des derniers jours, entendu chaque soir dans les rues de Gràcia, à mesure que les décors se montaient. Des revendications qui, selon Josep Maria Contel, membre du comité des fêtes de Gràcia, illustrent une incompréhension de la culture méditerranéenne. « C’est dans nos gênes. Ici, les festivités se passent dehors, c’est notre manière de célébrer. C’est sûrement grâce au climat », avait-il confié à Equinox lors d’un reportage au cœur de la préparation.
Mais selon certains riverains, la colère ne gagne pas seulement les nouveaux arrivants. Des habitants de longue date aussi se plaignent, « surtout des politiques touristiques qui expulsent les habitants de Gràcia », commentent-ils dans le média Metropoli Abierta. Et puis, si le sang froid se perd petit à petit, c’est aussi parce qu’il y a une tradition datant du 19e siècle en jeu.
Or pour la conserver, les bénévoles veulent une relève prête à porter fièrement la culture locale. « Mais avec les prix des loyers à Gràcia, est-ce seulement possible ? », s’exclament-ils. De peur que peu à peu, les privilégiés non-barcelonais du quartier abandonnent ce qui l’anime chaque été, et attire spécifiquement des touristes qui permettent (aussi) de financer ces fêtes.
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