Chaque année, un échange, devenu au fil du temps une tradition, a lieu entre deux vallées des Pyrénées espagnoles et françaises. Depuis 1345, la France offre trois vaches à l’Espagne. Une cérémonie visant à renforcer les liens de la région transfrontalière.
Photo : CC. BY SA 4.0/ Giles Laurent/Wikipedia
C’est un rituel pour le moins atypique. Tous les ans, l’Hexagone fait présent de trois bovins à la péninsule ibérique. Il s’agit là d’une coutume qui a traversé les siècles. Et pour cause, elle remonte à 1345 selon un traité établi entre deux villages pyrénéens. Cependant, la cérémonie pourrait être antérieure au document ratifié, et remonter à près de douze siècles en arrière durant l’invasion de la vallée de Roncal. « On trouve en Espagne beaucoup de coutumes et de traditions ayant perduré au fil du temps, qui peuvent paraître surprenantes dans la société contemporaine », commente par ailleurs le journal madrilène El Español.
Pacifier la région
Tous les 13 juillet, la France cède trois vaches à l’Espagne. Plus précisément, cette donation se déroule au sein dans la vallée de Barétous (Pyrénées-Atlantique). Elle s’inscrit dans le cadre d’une cérémonie nommée le « tribut des trois vaches » (Tributo de las tres vacas en espagnol). Celle-ci découle donc d’un traité, « qui serait le plus ancien d’Europe », précise El Español.
En 1345, ce serment a effectivement mis fin à la discorde entre les bergers de la vallée de Barétous en Béarn et ceux de la vallée de Roncal en Navarre. Ces derniers se querellaient pour l’accès à l’eau permettant d’abreuver les troupeaux. À travers ce pacte, les deux peuples visaient donc à pacifier la région. En conséquence, Français et Espagnols se rassemblent autour de la borne 262 au Col de La Pierre Saint-Martin à la frontière des deux nations et prononcent alors la formule « PAX AVANT » (la paix dorénavant), répétée trois fois, précisent nos confrères de France 3.
Un clin d’œil au passé
De nos jours, la tradition, nommée la « Junte de Roncal » est perpétuée en reprenant quelques codes d’antan. Les autorités barétounais et navarrais se réunissent, vêtus de tenues traditionnelles. Selon le rituel, les Espagnols choisissent trois bovins qui leur sont donnés « de façon perpétuelle » par les Français. Toutefois, aujourd’hui, la coutume revêt un caractère symbolique.
Elle est toujours honorée, or, les Espagnols reçoivent en réalité un chèque d’une valeur de 4.500 €, payé par la Communauté de communes du Haut-Béarn. Cette somme sert à financer un repas montagnard qui clôture la journée de célébration du 13 juin. Une manière de mettre en lumière la bonne entente entre Béarnais et Navarrais.