D’une région à l’autre, les Espagnols n’emploient pas toujours les mêmes mots. D’ailleurs, des tendances se dessinent du nord au sud du pays. Tour d’horizon des expressions qui font le charme et la diversité de l’Espagne
Photo : Clémentine Laurent
Dans une infographie, le média espagnol La Razón relève les mots les plus utilisés à travers le pays. Du nord au sud et de l’ouest à l’est, voici ce qui résonne dans les bouches des Espagnols.
Au nord…
En Galice, il sera de coutume d’entendre le mot « morriña », très utilisé pour exprimer sa tristesse ou nostalgie, loin de sa terre natale ou de ses proches. Dans un tout autre thème, le mot « reseso » se dit couramment pour parler du pain dur, celui de la veille. En continuant son chemin vers les Asturies, en tendant l’oreille, il sera possible d’entendre « guaje » pour parler d’un enfant ou d’un jeune. Et « prao », pour décrire un bout de terrain avec de la verdure.
En Cantabrie, l’expression « espais » désignant les chaussures de sport, fait partie du langage quotidien. Tandis que chez les voisins basques, c’est le verbe « potear » qui s’entend souvent pour remplacer la phrase « aller au bar ». Dans le même thème, « sortir faire la fête » se dit « gaupasa ». Mais pas n’importe laquelle : celle qui dure jusqu’au petit matin, une fois le soleil levé.
Direction l’est, vers Navarre. Là-bas, on entendra souvent « jarrear » pour parler d’une forte pluie. Et « majico » pour qualifier une personne très sympa ou agréable. À noter que le suffixe -ico est très prononcé dans cette région. À côté, en Aragon, on dira des locaux qu’ils sont « maño », mais dans un langage très familier. Une expression également courante, est « ir de proprio », lorsque la détermination est telle qu’on laisse de côté sa tâche du moment pour aller faire quelque chose de bien spécifique.
En Catalogne, désormais, c’est le mot « burxar » qui prend le dessus. On le dit ici pour inciter quelqu’un à dévoiler quelque chose ou « pour enfoncer le couteau dans la plaie », comme aiment le dire les Français. Un autre mot très entendu dans la région : « apa ». Il s’utilise dans le cadre d’une despedida, soirée d’au revoir, ou pour exprimer un sentiment de surprise.
Infographie : La Razón
Au centre…
En retournant à l’ouest, cette fois à Castille et Léon, ce sont les termes « marchar » ou « pintea » qui seraient les plus entendus. Le premier s’utilise pour aller quelque part, tandis que le deuxième est très connu en hiver. Il décrit ce moment où il pleut très peu, comme du crachin. À la Rioja, on surnommera un pantalon court « pantaloneta ». À la latina.
En dessous, dans la capitale d’Espagne, c’est l’expression « mazo » qui s’avère être la plus utilisée. On le prononce pour parler de remplacer le terme « très » ou « beaucoup ». Un bon Madrilène dira d’ailleurs « mazo » tous les cinq mots, assure le blog Espagne Fascinante. Du côté de Castilla-La-Manche, l’expression « mangurrián » prend le dessus, pour parler d’une personne dite peu cultivée, peu civilisée ou peu intelligente. « Rochero » s’ajoute aussi à la liste de cette région. Le terme s’emploie pour qualifier les personnes casanières.
Dans la communauté valencienne, c’est évidemment le terme « ché » qui sort de toutes les bouches, mais que seuls les locaux savent réellement utiliser car il s’emploie à toutes les sauces. Pour exprimer à la fois de la joie, de l’énervement, de la tristesse ou de l’étonnement. Il faut ajouter aussi « mañaco » pour surnommer un enfant ou quelqu’un qui en a l’attitude.
Vers l’Extremadura, « acho » et « lambuzo » remportent la première place du podium. Le premier mot est un diminutif de « muchacho », « mec » ou « meuf » en jeune français. Un peu comme « tío » ou « tía », très entendu en Espagne. Alors qu’un « lambuzo », quant à lui, se dit d’une personne « glouton ». Qui a faim même après avoir beaucoup mangé.
Et dans le sud ?
Direction le sud désormais, où les Andalous s’adresseront à quelqu’un en l’appelant « quilla » ou « quillo », diminutif de « chiquillo ». Ils sont aussi très amateurs de l’expression « No ni na », en remplacement de « no ni nada », pour, à l’inverse, dire « bien sûr que oui ! ». Enfin, le troisième mot très emprunté en Andalousie est « coraje » pour exprimer un élan de courage. Le tour de la péninsule se termine en région de Murcie, où « pijo » signifie plusieurs choses, allant de l’indifférence envers quelque chose, ou l’expression d’une quantité. Il s’utilise souvent pour combler un blanc. La ville de Ceuta, elle, décrira les langues de vipères de « mojarras ». D’où l’expression « darle a la mojarra » pour « critique ». Tandis qu’à Melilla, les hommes seront ravis d’entendre un local dire qu’il est « masiso » : beau ou bien apprêté.
Enfin, dans les îles, aux Canaries, on aimera dire « guagua » pour parler d’un bus ou de tout type de véhicule de transport. Le mot « fleje », quant à lui, qualifie une grande quantité d’une chose, « beaucoup » en français. Alors que dans les Baléares, « acotxat » décrit une personne très couverte pour ne pas attraper froid. Et « pero » (« mais » en français) finit systématiquement toutes les phrases. Sans raison, et pour le plaisir.
À lire aussi : Gabacho : surnom moqueur ou affectueux ?