Expression de moins en moins répandue, il est possible que les Français soient appelés « gabacho » ou « gavatx », en catalan, par les Espagnols. Un surnom qui a plusieurs siècles, mais dans les faits se moquent-ils de nous ou est-ce attachant ?
Quel Français vivant en Espagne ne s’est pas vu surnommer « gabacho » ? À première vue méprisant, il faut remonter en 1530 pour comprendre les débuts de son étymologie. Dérivé de l’occitan « gavach », l’expression signifie « montagnard grossier » ou « étranger ». Pour certains, le terme est dû à une maladie typique des montagnards, le goître. Le symptôme était une augmentation du volume de la thyroïde et donc de la gorge. C’est ainsi que les Espagnols désignaient les immigrés de conditions modestes originaires des régions voisines des Pyrénées. Le plus souvent, ils exerçaient des métiers méprisés et mal rémunérés.
Malgré tout, ces émigrés étaient souvent mal perçus par les locaux; qui ne voyaient pas d’un bon oeil leur arrivée sur le territoire espagnol. Michel Bareau, professeur d’espagnol et de littérature à l’Université de Valenciennes, s’est intéressé à la question. « Les gabachos ont été une réserve de main-d’oeuvre, et une concurrence sur le marché du travail. Toutes causes suffisantes pour encourager l’hostilité des Espagnols envers leurs gabachos » écrit-il dans Stéréotypes frontaliers pour une Espagne continentale nordique, aux XVIe et XVIIe siècles. Les locaux craignaient de se faire voler leur travail par les Français dont ils se moquaient à travers l’expression.
Et si c’était affectueux ?
Derrière le côté parfois un peu insultant du surnom peut aussi se cacher une forme d’insouciance et de tendresse. Aujourd’hui, l’utilisation de cette expression a tendance à disparaître, surtout du côté des plus jeunes. « Ils ne s’en servent pas de manière habituelle, par conséquent, il semble que cette utilisation se perde » expliquait Ivan Solivellas, spécialiste en lexicologie et sociolinguistique. Pour autant, lorsque les Espagnols l’utilisent, c’est souvent sur le ton du second degré. Avec humour, ils peuvent désigner par gabacho « les gens du nord », c’est-à-dire les Français, par rapport à la géographie des deux pays. D’autres termes existent aussi comme les « franchutes » que l’on pourrait traduire par « franchouillards ».
Le pure-player catalan El Nacional s’étonne même du reportage de France 3 en langue catalane sur les origines de l’expression gabacho : « le programme plaisante avec le ton péjoratif qu’a le mot qui désignait initialement une maladie ». Preuve que les habitants de l’Hexagone ont du second degré et ne prennent pas ce surnom avec moquerie, mais plutôt de manière affectueuse.