L’impression d’étouffer à cause de la chaleur à Barcelone ? Dans la capitale catalane, la température ressentie est souvent plus élevée que ce qu’indique le thermomètre. Voici pourquoi.
Photo : Jordi Cotrina
45 degrés au nord de la Catalogne, pour le record historique de chaleur enregistré mardi 18 juillet, mais dix de moins à Barcelone. Encore une fois, la capitale catalane échappe (un peu) aux canicules de la péninsule ibérique. Du moins, sur le papier. Car si le thermomètre barcelonais affiche un nombre moins élevé que dans le reste de la région, comme à Lleida ou dans les Pyrénées, l’impression de chaleur le dépasse amplement. Et non, ce n’est pas parce que les Français la vivent moins bien que les Espagnols. Il existe bel et bien d’autres explications.
32 degrés, ressentis à 40
« Je préfère la chaleur de Madrid à celle de Barcelone ». Les occasions d’entendre cette phrase ne sont pas rares l’été, dans la capitale catalane. Il faut dire qu’à Barcelone, l’air se montre particulièrement humide. Entre mardi 18 et mercredi 19 juillet, le taux d’humidité de l’air oscillait entre 60 % au plus bas et 93 % au plus haut, selon l’Agence météorologique de Catalogne.
Or, tout comme le froid s’accentue avec la présence du vent, la sensation de chaleur, elle, augmente avec l’humidité. C’est scientifique, explique le climatologue Javier Martin Vide. « A Barcelone, même si on a « seulement » 32 degrés, avec 70 % d’humidité, c’est comme s’il faisait 40 degrés. Alors que dans les endroits très ensoleillés, avec des températures bien plus hautes, mais un taux d’humidité de 20 %, le ressenti ne sera pas si fort ».
Un effet hammam
L’impression de nager dans sa sueur à Barcelone ? C’est une autre conséquence de l’humidité, en réalité causée par la difficulté à transpirer. Cette réaction corporelle est primordiale pour se rafraîchir. « Lorsque l’eau, qui constitue la sueur à 98 %, s’évapore de notre peau, elle provoque une sensation de fraîcheur », explique le climatologue. Mais là où Barcelone complique la tâche, c’est encore une fois sur son climat. Plus l’environnement s’avère humide, moins l’évaporation de la transpiration sera facile. « La sueur s’imprègne dans les tissus et ne nous refroidit pas. C’est pour ça que les climats chauds, mais secs sont plus supportables ».
Les hauteurs et le centre-ville, comme dans un four
Malgré tout, en s’approchant du rivage, Barcelone peut offrir un brin de fraîcheur. Mardi 18 juillet, alors que la canicule frappait, certains quartiers barcelonais bénéficiaient d’une situation plus favorable que d’autres. 29 degrés à la Vila Olímpica contre 35 au Tibidabo ou à Sant Gervasi. Brise oblige, le littoral souffre moins que les terres. « L’été, les maximales sont généralement plus hautes à l’intérieur du pays qu’en bord de mer, aidé par l’influence maritime. Le volume d’eau tempère et atténue les différences thermiques. C’est pour ça qu’entre Zona Universitaria et le Raval, mardi, on avait presque 3 degrés de différence », explique le climatologue Javier Martin Vide.
Une différence similaire entre les quartiers en bord de Méditerranée et l’intérieur de la ville qui n’en suffoque pas moins pour autant. Il faut dire que Barcelone ne dispose pas d’une configuration qui l’aide à respirer. Dans le centre de la cité comtale, la concentration de population, la densité d’immeubles, les rues étroites qui empêchent l’air de circuler et la faible évaporation de l’eau font grimper le thermomètre.
La suffocation, prix de la pollution
Accumulation de voitures et pots d’échappement en surchauffe. Ce n’est pas un secret : la pollution participe à la chaleur. Et inversement puisque les canicules s’accompagnent de hautes pressions atmosphériques des canicules, qui créent une couche d’air stagnant au-dessus du sol. En conséquence ? L’impression d’étouffer. Aussi, parce que le soleil et les fortes températures produisent de l’ozone. Un gaz qui, associé à la chaleur, provoque des difficultés de respiration.
Le manque d’ombre
Enfin, s’il est difficile de supporter la chaleur barcelonaise, c’est aussi à cause du manque de verdures et d’arbres. Pourtant, la ville en a fait son cheval de bataille au cours des dernières années. Mais dans la capitale catalane, le soleil continue de s’abattre sur le bitume, particulièrement doué pour retenir la chaleur, pendant que l’ombre reste difficile à trouver, malgré le développement des superilles, ces quartiers piétons végétalisés. Or, sans pénombre, le mercure n’en est que plus fort.