Où sont passés les touristes cet été en Catalogne ? La clientèle habituée de la région se montre bien moins présente que les années précédentes. Inflation, envies de grands voyages, réservations dernière minute. Clés de compréhension d’une étonnante baisse du tourisme, qui pourrait faire le bonheur des vacanciers en quête de promos.
Photo : Clémentine Laurent
Une faible saison estivale a de quoi surprendre en Catalogne. Après un mois d’avril et mai particulièrement bondés, le secteur du tourisme catalan espérait des chiffres au moins similaires à ceux d’avant-pandémie en 2019 ou de 2022, si ce n’est mieux. Mais le désir post-Covid de partir en vacances coûte que coûte se serait-il atténué ?
Sur la Costa Brava et Dorada, dans les Terres de l’Ebre et à Barcelone, les taux d’occupation des campings, hôtels et appartements locatifs durant la première quinzaine de juillet ont chuté. Car si les 15 000 hôtels de la Costa Brava s’en sortent bien, avec une pleine occupation les week-ends et 87 % la semaine, à l’instar de la Baix Empordà qui affiche une toute petite diminution de 5 %, bien d’autres ne peuvent en dire autant.
Juin a été faible pour la Costa Dorada. Et après un début de mois compliqué, le littoral entourant Tarragone revoit ses expectatives à la baisse. Même son de cloche dans la zone du Maresme où les hôtels et campings peinent à atteindre les 65 % d’occupation, à cause de semaines creuses qui ne compensent pas les samedis et dimanches réservés en dernière minute par les locaux. Toutefois, ce sont eux qui sauvent les meubles, notamment à la Pineda de Mar et Malgrat de Mar, au nord de Barcelone. Les Espagnols prennent le relais d’une clientèle russe, anglaise et allemande absente, mais aussi des Français, moins nombreux que d’habitude.
Inflation ou envie d’évasion, à chacun ses raisons
En causes ? La guerre Russie-Ukraine pour les premiers. La récession économique (ou quasi) de l’Angleterre et de l’Allemagne, engendrée par la hausse des prix de l’énergie, pour les seconds. Et un porte-monnaie moins garni chez les familles, pour les derniers. De fait, cet été, les trois quarts des Français ont décidé de rester dans l’Hexagone pour leurs vacances. L’inflation, associée à la hausse des intérêts de la Banque centrale européenne, aurait provoqué pas moins de 22 % d’annulations début juillet, estime le président de l’association des professionnels de l’hôtellerie de Tossa de Mar, Francesc Zucchitello, dans un article de La Vanguardia.
Photo : Cyane Morel
Mais ce n’est pas tout. A contrario des petits budgets, une partie des touristes d’autrefois troquent volontiers la Catalogne pour des horizons plus lointains. Le goût des grands voyages à l’étranger fait son retour, et « on observe des changements de destinations », explique Toni Bachiller, entrepreneur dans le monde de la restauration à Palamós, près de Gérone. Des envies d’ailleurs qui n’arrangent pas les affaires des professionnels du tourisme catalans. Tous espèrent remplir le cahier des réservations pour la fin du mois de juillet et celui d’août. Il faut dire que cet été, les hôtels et restaurants misaient gros sur la saison pour rembourser la facture de la Covid et couvrir les frais annuels amplifiés par l’inflation. Mais après ce lancement compliqué, tous semblent se faire à l’idée que les précédents étés n’étaient que le résultat de la « folie post-pandémie ».
Malgré tout, le malheur des uns fera-t-il le bonheur des autres ? Les touristes pourraient gagner au change cette fois-ci. Après avoir fait exploser leurs tarifs au cours des derniers mois, jusqu’à faire de Barcelone la championne d’Europe de la hausse des prix pour Pâques, les hôtels catalans pourraient se voir contraints de revoir son offre. Qui dit chambres vides, dit prix intéressant. Idéal pour le nouveau public estival de Catalogne, adepte du last-minute. D’ici là, chacun croise les doigts de son côté de la caisse.