Ernest Maragall : « Le 23 juillet, nous montrerons à l’État que Barcelone n’accepte aucune dépendance »

Tribune libre

Tribune libre Ernest Maragall

Tribune libre d‘Ernest Maragall, président du groupe Esquerra Republicana de Catalunya au conseil municipal de Barcelone, et candidat aux élections sénatoriales espagnoles.

Barcelone a voté pour le changement le 28 mai dernier. La majorité de la population s’est exprimée en ce sens. Après huit ans de gouvernance des Comuns et des socialistes, Barcelone a voulu ouvrir une nouvelle étape remplie d’ambitions, d’une meilleure gestion et d’une relation de confiance avec les Barcelonaises et les Barcelonais.

Cependant, l’histoire se répète. Tout comme cela s’est produit en 2019, Barcelone en 2023 a été privée de son désir légitime.

Un pacte contre-nature (en quoi concordent les Comuns et le Partido Popular ? ) sans le moindre projet partagé, uniquement cimenté du mortier de l’aversion à l’indépendantisme et assaisonné d’une défense acharnée des intérêts de l’État et de ses pouvoirs : « fidélité au roi et à l’État » selon les mots de Monsieur Collboni.

Un pacte décidé et imposé depuis Madrid par Sanchez-Feijoo-Díaz, qui a renversé la volonté majoritaire de la population en bloquant à nouveau la voie à un gouvernement barcelonais, catalan et indépendantiste dans la capitale du pays.

Un pacte conclu avec la complicité active de certaines puissances économiques et médiatiques.

Un pacte impitoyable et froid avec un seul objectif : conquérir (conserver) le pouvoir.

Beaucoup parlent du rôle du Partido Popular, mais son action était, dans une certaine mesure, prévisible. Un parti d’Etat, de droite et aux teintures réactionnaires, ne pourrait jamais cautionner un projet de transformation mené par une majorité municipale souverainiste.

Mais le véritable acteur décisif a été le parti d’Ada Colau, qui a confirmé – si quelqu’un en avait le doute – qu’il privilégiait les intérêts particuliers et partisans face à la volonté du peuple.

L’argument du prétendu « moindre mal » pour justifier le vote, provoque une certaine honte. Pour s’en convaincre, il suffit d’écouter l’intervention de Madame Colau lors de la session d’investiture du maire.

Que représente réellement ce soi-disant « moindre mal ».  Le Partido Popular lui-même s’est chargé de faire savoir le prix que Colau a payé pour se sauver à la fois elle-même et ses proches.

La liste des conditions du PP au nouveau maire Collboni sert d’épitaphe au progressisme théorique des Comuns : pas de tram, ni de « superilles », un agence anti-squatteurs, plus de taxe de séjour, annulation des 30 % de logements sociaux et un usage renforcé du castillan à la mairie.

Les conséquences de tout cela seront payées par les citoyens, la ville et ses quartiers. C’est Barcelone qui va devoir payer.

Au contraire, à Esquerra Republicana, nous avons travaillé pour nouer un accord avec TriasxBcn qui spécifiait des politiques publiques ambitieuses et progressistes. Continuité du tramway, régulation des prix des loyers et plus de logements sociaux, pacifications des rues et davantage d’espaces verts, plus d’écoles maternelles publiques, régulation de l’habitat touristique et un engagement résolu envers le catalan.

C’est le prix du pouvoir pour le pouvoir. Du déni de la moindre cohérence idéologique. Privilégier les postes personnels à l’intérêt général.

C’est Barcelone qui perd et qui s’est fait voler le changement qu’elle attendait.

Pourtant, la ville a l’occasion le 23 juillet prochain d’exprimer à nouveau sa personnalité. Barcelone, malgré les opérations d’État, continue d’être un sujet avec sa propre voix et sa capacité de décision.

Le 23 juillet, nous montrerons à l’État et à ses délégués que Barcelone ne se résigne pas et n’accepte de dépendances d’aucune sorte ; que nous sommes la capitale du pays exerçant sa souveraineté démocratique légitime. Une Barcelone fière, capitale de la Catalogne, qui la défendra contre les attaques de la réaction la plus extrême dont on se souvienne en démocratie.

Il est temps de prendre acte de ce qui s’est passé à Valence et dans les Baléares avec tout le fardeau de destruction culturelle, institutionnelle et sociale qui s’annonce.

Plus que jamais, nous avons besoin d’une Barcelone républicaine, indépendantiste et progressiste,qui rappellera à tous que même s’ils essaient de la faire taire, elle sera toujours prête à faire entendre sa voix.

Comme l’a dit le poète : « …donne de la voix à ton chanteur, de la lumière à tes yeux et de la force à ton bras ».

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