Qui sera le prochain maire de Barcelone ? Entre le centriste Xavier Trias et le socialiste Jaume Collboni, s’ajoute désormais à l’équation Ada Colau. La bataille de Barcelone se poursuit.
Une soirée électorale qui n’en finit plus. Depuis dimanche soir, et après le vote des Barcelonais, il est impossible de connaître le nom du prochain maire de la ville. Le centriste Xavier Trias est certes arrivé en tête du scrutin, ce qui lui offre le privilège de devenir le prochain maire selon le code électoral. Mais avec seulement 11 conseillers municipaux sur un total de 42, Xavier Trias ne possède qu’une courte majorité relative. Cette même loi électorale offre la possibilité au candidat arrivé en seconde position de tenter de former une majorité alternative, composée d’un minimum de 21 conseillers municipaux. C’est exactement,ce que le socialiste Jaume Collboni entend faire. Avec ses 10 conseillers municipaux, le candidat à la rose va frapper à toutes les portes.
La gauche indépendantiste dit non
Celle des indépendantistes de gauche (ERC) reste pour le moment verrouillée à double tour. Premièrement, ERC a vécu une soirée électorale compliquée avec la perte de 301.747 voix par rapport aux précédentes municipales. Les chapeaux à plumes du parti croient savoir que le soutien politique apporté au gouvernement socialiste à Madrid a coûté cher dans les urnes, surtout chez les électeurs les plus indépendantistes. Permettre au représentant du PS d’accéder à la mairie parait donc une mauvaise opération.
Deuxièmement une rancœur personnelle lie le candidat d’ERC Ernest Maragall à Jaume Collboni. En 2019, c’est Maragall qui avait remporté le scrutin. Le dimanche soir, tout le monde, lui le premier, pensait qu’il serait le prochain maire de la ville. Avant que le lundi matin, Manuel Valls ne fasse une entourloupe. L’ancien Premier ministre a ordonné à ses conseillers municipaux d’investir maire Ada Colau pour faire barrage à l’indépendantisme avec le soutien indispensable de Jaume Collboni et son groupe, retournant ainsi le résultat de l’élection. Une blessure que porte encore Ernest Maragall et qui empêchera probablement ERC d’apporter tout soutien à Collboni.
Investiture d’Ada Colau en 2019
Face à ce blocage, le socialiste fait le tour de l’échiquier politique et vient gratter à la fenêtre de la droite du Partido Popular. Pour le moment, les conservateurs n’ont pas grand-chose à gagner dans cette opération, surtout en période électorale avec les législatives anticipées prévues au 23 juillet. Mais, force marginale en Catalogne, le Partido Popular savoure l’instant de faire partie des courtisés et ne décline pas totalement l’offre.
Le retour de Colau
Le seul parti très enthousiaste de monter une coalition alternative à Xavier Trias est Barcelona en Comú, le mouvement d’Ada Colau. La gauche radicale inonde depuis lundi matin les réseaux sociaux pour expliquer sur tous les tons qu’une majorité progressiste de 24 élus (Socialistes, En Comú et Erc) va siéger au conseil municipal. En revanche, les amis d’Ada Colau se gardent bien de préciser que le maire à la tête de cette coalition progressiste sera Jaume Collboni. Car En Comú garde l’espoir qu’Ada Colau puisse effectuer un 3e mandat. Un coup de théâtre qui trouve son origine dans le décompte des bulletins de votes. Seules 141 voix séparent Ada Colau de Collboni. Le dépouillement a certes eu lieu dimanche soir, mais il reste légalement provisoire. C’est la commission électorale qui est officiellement en charge du recompte et également de trancher dans les litiges de certains bureaux de vote, comme c’est le cas lors de chaque élection.
Jaume Collboni et Ada Colau
Vendredi, la commission électorale rendra public les résultats définitifs. Lle clan Colau espère que les corrections pourront inverser l’ordre d’arrivée et ainsi placer Ada Colau en seconde position derrière Xavier Trias, la plaçant ainsi meneuse de la majorité alternative. A l’appréciation des corrections apportées lors des derniers scrutins, ce scénario n’est pas improbable.
Cependant, le retour dans l’arène d’Ada Colau rendrait encore plus difficile une majorité autour de l’ancienne maire en raison de son caractère clivant et rapprocherait encore un peu plus Xavier Trias du fauteuil de premier magistrat de la ville.