200 € la nuit d’hôtel, et des menus au restaurant plus chers que d’habitude. À Barcelone, les prix montent en flèche. Mais pour quelles raisons ? Explications.
Softs à 5 ou 6 € en rooftop, cocktails entre 14 et 16 €, nuit d’hôtels proche de 200 €. « Barcelone est devenue très chère », entend-on régulièrement de la bouche des touristes. Il y a quelque temps encore, débourser autant pour visiter la cité catalane était impensable. Barcelone plaisait pour son accessibilité aux petits budgets, grâce à des locations encore abordables et des sorties pour trois fois rien. Mais de tout cela, il n’en est plus rien. Désormais, séjourner dans la cité comtale rime avec dépenses élevées.
Lors du premier trimestre de 2023, les prix des hôtels se montraient entre 15 et 20 % plus élevés que ceux des années 2019 et 2018. À Pâques, ils avaient même explosé, faisant monter l’augmentation à 43 % pour les trois étoiles, et accordant à Barcelone le titre de championne d’Europe de la hausse des prix. « C’est la plus grande augmentation des dernières décennies », avance Oriol Amat, économiste et professeur à la Pompeu Fabra de Barcelone. Comptez en moyenne 200 € la nuit. « Au moins ! Cette semaine particulièrement, car on est complet et c’est une très bonne période », admet Manel Casals, directeur du syndicat des hôtels de Barcelone.
C’est encore quelques pourcentages supplémentaires par rapport aux précédentes hausses. En 2019, louer une chambre dans un hôtel coûtait environ 140 €. En 2022, c’était 152 €, soit 8 % de plus qu’avant la pandémie. Ce taux correspondait à la hausse générale des prix provoquée par l’inflation. Et celle-ci continue à marquer son empreinte.
Covid, énergie, alimentation : les factures gonflent
« Cette année, l’augmentation moyenne de l’IPC (Indice des prix de consommation) sera de 4 % », estime l’économiste catalan. C’est certes moins que l’an passé, mais son impact se fait ressentir sur les aliments et les transports. « Or les hôtels, les restaurants et les bars dépendent des tarifs de l’alimentation et des boissons. Et comme l’agroalimentaire est le domaine qui a subi la plus forte augmentation, cela affecte le secteur touristique ». À tout cela, il faut aussi ajouter la hausse des matières premières et de l’énergie depuis plusieurs mois. Concrètement, le secteur hôtelier se retrouve avec des factures deux à trois fois supérieures à celles d’avant la pandémie.
La liste est encore, en réalité, très longue. Et surtout, elle cache une autre raison, toute aussi importante : « nous devons payer la facture du Covid », explique Manel Casals, au nom des hôtels barcelonais. Pour tenir face aux différents confinements, le secteur touristique a dû faire crédit. Alors, il faut rembourser la dette. Et cette année semble tomber à point nommé. « On s’est rendu compte qu’on pouvait attirer un touriste capable de débourser plus qu’il y a quatre ans », reconnaît le représentant des hôtels.
Et puisque la concurrence n’a pas augmenté et qu’aucun, ou peu, nouveau complexe ne sortira de terre, alors les établissements peuvent se le permettre. Déjà en 2022, ils avaient monté les tarifs crescendo. Mais 2023 se montre encore plus prometteuse. « C’est une bonne année pour nous remettre de la pandémie ». D’autant qu’avec le recul, on sait que les premiers mois de l’année ne sont pas les plus bénéfiques. Il est donc fort à parier que mai, juin, juillet, août, septembre et octobre battent des records. Pourquoi s’en priver ? Surtout lorsque la volonté générale se tourne vers un tourisme de meilleure qualité. Et que la demande ne faiblit pas. Au bout du compte, chacun pourrait bien trouver le sien.
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