Il est rentré en France depuis deux ans, mais le souvenir politique de Manuel Valls reste bien présent à Barcelone. Les candidats à l’actuelle élection municipale ont tendance à utiliser l’action de l’ancien Premier ministre pour discréditer leurs adversaires.
« Faire un Manuel Valls » est devenu une expression courante dans la classe politique catalane. Alors que les candidats seront départagés par les votes ce dimanche, le souvenir de l’ancien Premier ministre est utilisé comme une attaque dans le débat électoral.
Rappel des faits : il y a quatre ans, l’homme politique français venait à Barcelone pour tenter sa chance de devenir le prochain maire de la ville. Dans un style très macroniste, l’ancien Premier ministre assurait venir combattre deux populismes : la gauche radicale d’Ada Colau et l’indépendantisme catalan. C’est en tout cas ce que Manuel Valls expliqua tout au long de la campagne électorale.
Le jour du résultat venu, et arrivé à la 5ème place, l’homme d’Evry a fait un coup de Trafalgar. Alors que l’indépendantiste Ernest Maragall avait remporté le scrutin, Valls a ordonné à ses conseillers municipaux d’investir maire Ada Colau, retournant ainsi le résultat de l’élection. Manuel Valls est alors devenu particulièrement impopulaire au sein de la population indépendantiste qui l’accuse d’avoir volé l’élection à Ernest Maragall. Mais cette décision a également frappé de stupeur les propres supporters de Manuel Valls qui n’apprécient guère plus Ada Colau qu’Ernest Maragall.
L’expression « faire un Manuel Valls »
« Il y a beaucoup de gens qui sont peinés d’avoir voté pour Manuel Valls. Car voter pour lui. c’est comme voter pour le candidat socialiste Jaume Collboni, au final, c’est Ada Colau qui gagne » a lancé mercredi dernier Xavier Trias. Le candidat centriste, en tête dans les sondages, dénonçait l’alliance lors du précédent mandat entre les socialistes, Ada Colau et Manuel Valls pour démontrer que même si durant cette campagne le socialiste Collboni critique Colau, il finira par la rejoindre après l’élection.
Avant le début du week-end, c’est le candidat de droite Daniel Sisera qui déclarait en conférence de presse « je ne ferai pas un Manuel Valls », car « jamais je ne permettrai qu’Ada Colau fasse un 3ème mandat ».
Enfin, l’ex-bras droit municipal de Manuel Valls, Eva Parera, elle aussi en campagne avec son parti d’ultra-droite Valents sort sa petite remarque : « moi, je ne m’appelle pas Manuel Valls, je ne suis pas venue pour offrir mes voix à quelqu’un, ni pour servir de béquille à personne ».
Un thème qui est également utilisé par les journalistes. Le 30 avril dernier, Joan Serra Carne du Pureplayer Naciogital se demandait dans un édito si quelqu’un lors de cette élection municipale allait « faire un Manuel Valls ». Réponse à partir de 20h le dimanche 28 mai.