Les candidats à la mairie de Barcelone se disputent les voix des populations étrangères composant la ville.
« J’espère que vous avez amené votre crème solaire,ça tape aujourd’hui », lâche un ancien haut fonctionnaire du gouvernement catalan sous un soleil radieux. Les supporters de Xavier Trias, ancien maire et actuel candidat de centre-droit, sont réunis ce mardi midi devant l’hôtel W de Barcelone pour s’adresser à la communauté internationale de la ville.
Devant la grande bleue, et face à l’hôtel symbolisant les années fastes de la capitale catalane, un parterre d’anciens ministres écoutent Xavier Trias dérouler ses mesures pour que la cité de Gaudi retrouve son rang et son prestige mondial. Selon la droite catalaniste, Ada Colau a affaibli la ville et a fait perdre son lustre à la capitale catalane. D’ailleurs, l’ancien maire Trias veut créer une marque Barcelone pour attirer les talents internationaux et les financements étrangers. « Barcelone sera la capitale mondiale du sport, des grands événements du style Mobile World Congress choisiront la cité comtale pour monter leurs salons et la ville sera un grand hub des organismes internationaux », promet tour à tour Trias.
Barcelone : une tour moderne de Babel
180 nationalités et 300 langues différentes cohabitent à Barcelone, une ville où 30 % des habitants sont nés dans un pays étranger. Un réservoir de voix où l’ensemble des candidats déposent leurs cannes à pêche électorales. Trias, qui a déjà gouverné la ville de 2015 à 2019, est l’impétrant s’adressant le plus à la communauté européenne. Libéral, modéré, business-friendly, l’homme possède un certain nombre d’atouts pour parler aux expatriés.
En embuscade se trouve Jaume Collboni qui lui aussi rêverait de pouvoir mettre dans son escarcelle les électeurs modérés européens. Sauf que le candidat traîne deux boulets : l’étiquette « parti socialiste », un courant politique qui a disparu de la première ligne politique dans la plupart des grands pays européens comme la France. Sur 27 nations en Europe, seules 6 sont actuellement dirigées par la gauche sociale-démocrate, en comptant l’Espagne.
Ensuite Collboni doit subir le passif de 8 ans de gestion en coalition avec la gauche radicale d’Ada Colau. La principale proposition du candidat socialiste : à l’occasion de la présidence espagnole de l’Union européenne au second trimestre 2023, la création d’une agence « Europe » à Barcelone afin de vanter internationalement les mérites de la ville.
Ada Colau ce week-end à Nou Barris avec la ministre du Travail, Yolanda Diaz.
La maire sortante souhaite aussi parler aux étrangers de Barcelone, mais pas tous. Les Européens, souvent considérés comme des privilégiés par la gauche radicale, ne sont pas la priorité d’Ada Colau. La mairesse concentre ses efforts sur les ressortissants d’Amérique latine. En léger retard dans les sondages face aux deux favoris Trias et Collboni, Ada Colau a lancé, ce week-end, un vibrant appel aux habitants du quartier populaire de Nou Barris afin de « faire barrage à la vague conservatrice » en votant massivement pour elle. Un quartier où un habitant sur deux est originaire d’Amérique Latine et où ne réside aucun Français selon le registre du padrón municipal.
D’ailleurs, Ada Colau est la seule grande candidate à avoir refusé de répondre aux questions de membres de la Chambre française du Commerce de Barcelone. Il est cependant intéressant de noter qu’Ada Colau maintient une relation assez connivente avec Paris en matière d’écologie et d’aménagement du territoire. Afin de lutter contre le drame climatique, les deux mairies partagent un certain nombre de solutions : expansion des pistes cyclables, réduction de la vitesse en ville à 30 km/heure, dissuasion de l’utilisation des véhicules polluant à moteurs.
Ernest Maragall
Enfin, l’outsider de cette élection, le républicain de gauche, le francophone Ernest Maragall égraine un certain nombre de propositions. Parmi l’une des plus ambitieuses : le développement d’une grande région allant de Barcelone jusqu’à Lyon avec à la clé une forte coopération entre la Catalogne et les régions françaises.
L’élection municipale aura lieu le 28 mai prochain. Les Français résidant à Barcelone ont le droit de vote.
