Après une pause liée à la pandémie, Barcelone récupère sa place de favorite auprès des futurs mariés et de leurs témoins. La capitale catalane ne cesse d’attirer les enterrements de vie de jeunes filles et garçons français. Que viennent-ils chercher ? Récit d’un avant et d’un (possible) après.
Photo : Les Rois Barges
Tutus sur jeans, couronnes dans les cheveux, écharpes flashy sur l’épaule. Les futures mariées défilent dans les rues barcelonaises, à chaque fin de semaine. « Mai-juillet, c’est la grosse saison », annonce Gregory Lebrun, directeur de l’agence My EVJF. Difficile ne pas le voir. Dans la capitale catalane, après une trêve liée à la pandémie de Covid-19, la saison des enterrements de vie de jeunes filles et garçons reprend de plus belle. Et elle ne passe pas inaperçue.
Bien souvent, les groupes d’amis arrivent en nombre. Ils sautent dans un avion, et profitent, le temps d’un week-end prolongé, de s’amuser comme il se doit entre copains ou copines, avant le mariage. « Ils viennent du vendredi au dimanche, font la fête, mangent des tapas, prennent des apéros. La plupart ne connaissent pas trop Barcelone », remarquent Adam et Najah, photographes spécialisés dans ces événements. Les Français sont généralement jeunes. Moins de 30 ans dans la plupart des cas, estiment les deux professionnels. Mais ils sont surtout prêts à dépenser quelques billets. Car, enterrer sa vie de célibataire à Barcelone vaut (encore et toujours plus) de l’or.
Fête, soleil et tapas : ce que viennent chercher les Français
« Barcelone fait partie des destinations premium pour les EVJF et EVG », assure le professionnel Gregory, professionnel dans l’organisation de ces évènements. La ville espagnole se place parmi les favorites en Europe, aux côtés de Lisbonne, Milan, Marrakech pour les filles, et Budapest, Prague et Amsterdam pour les hommes. « La cité comtale est l’une des seules qui plaît aussi bien aux filles qu’aux garçons ». Le site de Crazy EVJF place d’ailleurs Barcelone numéro 1 de ses 70 destinations.
Il faut dire qu’elle a tout. La facilité d’accès, avec des liaisons régulières par train et avion depuis les quatre coins de la France, le soleil, la mer, le dépaysement. « C’est agréable de se dire qu’on part à l’étranger C’est cosmopolite, on fait des rencontres. Par exemple, nous, on avait fait un billard dans un bar avec des Italiennes en EVJF », raconte Elies, 35 ans, qui avait organisé l’an passé l’enterrement de vie de garçon d’un Français. « L’Espagne a toujours donné cette impression de liberté », reconnaît le directeur de My EVJF. Mais surtout, il y a un autre concept capable d’accorder les volontés des témoins du monde entier : « la fiesta. »
Certes, les femmes auront tendance à chercher à Barcelone ce qu’elles n’ont pas chez elles, telles que des virées en bateaux, alors que les hommes, eux, se montrent plutôt attirés par les soirées alcoolisées. Mais les uns comme les autres trouvent leurs comptes la nuit. Le circuit est d’ailleurs souvent le même : Carrer dels Escudellers, Plaça George Orwell, Carrer Ferran et la fameuse Plaça Reial, creuset de la vie nocturne barcelonaise. « Le programme ? La tournée des bars, détente et tapas. Et pris par la ferveur des soirées barcelonaises, on est restés un jour de plus pour rajouter du piment dans notre week-end », déclare Elies, originaire de Valence dans la Drôme.
Une nouvelle clientèle de futurs mariés à Barcelone ?
Mais avec le temps, le périple tend un peu à changer. La cité catalane monte en gamme et perd parfois en côte. Car la fête à Barcelone n’a plus le même prix qu’il y a quinze ans. « Pour un EVJF, en moyenne, il faut compter 500 € par personne« , chiffre Grégory. Un budget qui grimpe en même temps que les prix des logements et le coût de la vie. Alors forcément, peu à peu, les profils se divisent. Il reste les adeptes du combo strip-tease-limousine-discothèque, mais cette hausse du budget, filtre la clientèle (5 % pour My EVJF), et l’oriente vers des packages différents. « On a de plus en plus de demandes pour Tossa de Mar, Sitges ou Palma de Majorque », affirme l’organisateur, Grégory Lebrun. Des lieux plus reposants, moins chers et plus sécurisants.
Car mine de rien, selon ce patron, l’insécurité grandissante de Barcelone calme le jeu. « Les personnes ont moins envie de venir à cause des vols de sacs, de portables et de la violence. La connotation d’insécurité à Barcelone fait peur ». Ce qui, d’un sens, arrange les affaires des locaux, qui pendant longtemps se plaignaient du nombre d’enterrements de vie de célibataires. Allant jusqu’à permettre la verbalisation des fêtards dans certaines villes d’Espagne comme Tossa de Mar, en août, à Madrid, Tarifa (Andalousie) ou encore à Salamanque en cas de port de déguisements vulgaires. Et le tout, associé à la crainte de nouvelles crises comme celles du Covid, aura donné aux riverains l’occasion de souffler un petit temps. Avant d’admettre, à nouveau, que Barcelone est, et restera, l’une des préférées des Français à l’aube d’un « oui » pour la vie.