Herrera de la Mancha ou la prison la plus dangereuse d’Espagne

Les murs de la prison Herrera de la Mancha (Ciudad Real) abritent les criminels les plus dangereux d’Espagne. Retour sur l’histoire de la pire prison d’Espagne. 

Photo : Emiliano Bar/Unsplash

Les occupants de ce complexe carcéral ont commis les crimes les plus obscurs de la péninsule ibérique. À titre d’exemple, Francisco Javier Almeida, meurtrier du petit Álex, le garçon de 9 ans de Lardero (La Rioja), y est enfermé. Cette histoire avait ému l’Espagne en octobre 2021, d’autant plus que l’auteur du crime bénéficiait d’une mesure de liberté conditionnelle pour le meurtre d’une femme en 1998.

Le tribunal provincial de La Rioja a condamné, le 18 avril dernier, Almeida à la perpétuité incompressible pour le meurtre d’Álex. Une décision dont le criminel a annoncé qu’il ferait appel malgré les preuves irréfutables qui existent contre lui. Depuis la nuit du meurtre, cet homme est emprisonné. Au début, le coupable a été placé à la prison de Ségovie, puis a été transféré par sécurité à Herrera de la Mancha. Après le verdict du tribunal, le récidiviste a ainsi demandé à continuer sa peine dans cette prison où ses compagnons ne sont autres que Chicle, Miguel Carcaño, Tony King ou José Bretón. En somme, les pires criminels d’Espagne…

Une prison à sécurité maximale

Ce centre pénitentiaire dispose d’une sécurité maximale avec 297 cellules. Il a été inauguré le 22 juin 1979 et se situe dans la municipalité de Manzanares, à Ciudad Real. Dans leurs premières années de vie, les condamnés étaient membres de l’organisation terroriste ETA et du GRAPO. Il est situé au centre d’une plaine d’une superficie de 20.000 mètres carrés. La vie quotidienne de cette prison est identique aux autres prisons espagnoles. Espaces communs, salle de gym, salle à manger… Il n’y a pas de distinctions malgré les noms de ses résidents. Les agents surveillent de près qu’il n’y ait pas d’incidents entre les détenus. Contre toute attente, les bagarres ne sont pas courantes, et la tranquillité règne globalement dans cette prison.

L’un des meurtriers les plus connus d’Espagne a été détenu dans ses locaux pendant des années : Miguel Ricart. L’homme reconnu coupable du crime contre les filles d’Alcasser a bénéficié de l’abrogation de la doctrine Parot et a quitté les lieux le 29 novembre 2013. Il a passé 21 ans de sa vie entre ces murs. L’une des anecdotes de ce centre est qu’il ne possède pas de zone d’isolement en tant que telle. « Les détenus ne s’attaquent pas entre eux », explique par exemple l’avocate de la famille d’Álex, Alicia Redondo. L’une des préoccupations d’Almeida, lorsqu’il a été condamné, était de retourner dans cette prison. En effet, il est dans cet établissement depuis un an où il est à l’aise et sans voir sa vie en danger. Il n’a pas peur du reste des prisonniers, malgré la barbarie de leur crime.

De dangereux criminels

Le casting de criminels dans cette prison pourrait parfaitement signer le casting des pires films ou séries d’horreur. Bretón, Carcaño, El Chicle… La simple mention de leurs noms suscite l’effroi de la société espagnole, témoin de leurs actes macabres au fil des ans. Par exemple, Almeida compte parmi ses collègues Miguel Carcaño, reconnu coupable du meurtre de Marta del Castillo, ou Tony King, « l’exécuteur testamentaire » de Rocío Wanninkhof et Sonia Carabantes. Il partage également des cellules avec Sergio Morate, qui a tué son ex-petite amie Marina Okarynska et son amie Laura del Hoyo à Cuenca.

Un autre des détenus de ce centre est ce que beaucoup ont appelé la « personnification » du mal : José Bretón. Il a été reconnu coupable du meurtre de ses deux enfants, Ruth et José. Il ne quittera Herrara de la Mancha qu’en 2036. José Enriquez Abuín, El Chicle, connu pour le meurtre de Diana Quer vit également dans ses murs. Ce criminel entre et sort de prison en raison des nombreuses affaires en cours qu’il a encore sur le dos. Il n’y a pas que des meurtriers dans l’enceinte et une grande partie des prisonniers sont reconnus coupables de viols. C’est le cas du tristement célèbre Antonio Ángel Martín Rodríguez, le « pédophile de Ciudad Lineal ».

Étude de la population carcérale

Est-ce judicieux de réunir plusieurs sociopathes entre eux ? Les spécialistes ont mené de nombreuses études sur la population carcérale diagnostiquée avec « divers troubles de la personnalité y compris la psychopathie », explique à nos confrères de Vozpópuli Oscar Tarruella, analyste expert en comportement criminel violent. Beaucoup d’entre eux mettent en avant « l’inconvénient pour ladite population carcérale de rester en contact avec des sujets psychopathes », mais le fait de « maintenir un isolement de ceux-ci avec le reste des détenus non-psychopathes, pose également un conflit difficile à résoudre, du moins avec les politiques carcérales actuelles ».

La solution à cette question réside peut-être dans une étude avant-gardiste menée en Espagne depuis plus de cinq ans et « produit des données assez encourageantes ». Cette analyse, selon Tarruella, reflète que « 20 % des détenus psychopathes violents qui ont accepté de participer volontairement au programme, en le suivant jusqu’à son achèvement, n’ont pas récidivé ». Cependant, cet analyste expert insiste sur le fait qu’il s’agit d’une « question complexe » et « nous n’en sommes encore qu’au début de l’étude exhaustive que ce type de sujet nécessite lors de leur entrée en prison ». La patience est donc de mise.

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