Le 28 mai, Barcelone vote pour choisir son maire. Et les entreprises barcelonaises semblent être les grandes privilégiées de cette campagne électorale. Décryptage.
2015. En pleine crise économique, les mesures sociales sont la panacée des candidats aux municipales de Barcelone. En 2019, des braises de révoltes soufflent sur la ville, encore traumatisée par les événements indépendantistes catalans. Cette année, les candidats aux municipales de Barcelone font la course à l’échalote auprès les entreprises.
Xavier Trias, qui fut maire de Barcelone entre 2011 et 2015 et aimerait récupérer son siège, est le plus légitime en la matière. De centre-droit, modéré, consensuel et pragmatique, c’est l’aspirant le plus business friendly de cette élection. D’ailleurs à l’annonce de sa candidature, les bouteilles de cava ont été sabrées sur les hauteurs de Barcelone. Aujourd’hui, la Zona Alta commence à avoir la gueule de bois et se souvient que Junts, le parti de Trias, a subi l’OPA de Carles Puigdemont depuis la déclaration d’indépendance de 2017. L’ancien président, jamais avare de déclarations chocs sur les réseaux sociaux et au moindre passage médiatique, constitue encore l’une des grandes frayeurs du monde entrepreneurial.
Jaume Collboni le sait et en profite. Il ne reste plus grand-chose de socialiste dans la candidature du représentant du parti de la rose. D’ailleurs, l’homme prend pour exemple Emmanuel Macron. Le slogan de campagne de Collboni est « En Marcha« . Littéralement « En Marche », du nom du premier parti du président de la République français. Un positionnement fétiche pour les entrepreneurs et les startups surpuissantes à Barcelone. « Si l’on regarde l’assistance dans les débats que nous organisons, Collboni suscite clairement de l’intérêt chez nos membres », confie Christian Marion, directeur de la chambre de Commerce Française de Barcelone. Sans toutefois oublier Trias qui plait aussi, précise-t-il.
Ada Colau sous les ors du Palace
Même Ada Colau se prête au jeu. L’égérie de la gauche radicale qui a fait ses campagnes contre la caste, les privilégiés, les lobbies s’est rendue la semaine dernière à un petit-déjeuner au Palace de Barcelone pour assister à un événement de Nueva Economía Fórum.
Sous les ors du Palace, Ada Colau a rendu un vibrant hommage à Pasqual Maragall, maire de Barcelone lors des Jeux Olympiques. Pourtant, au début des années 2000 lorsqu’elle était activiste au sein de mouvements d’extrême-gauche, Colau n’a pas eu de mots assez durs contre celui qui a ouvert Barcelone aux grandes entreprises et au tourisme de masse.
La mobilité au cœur du débat
Dans cette campagne électorale, Christian Marion sent « une grande incertitude au sein du monde entrepreneurial qui souffre d’un besoin d’être rassuré ». Notamment sur la mobilité, grande obsession de cette élection. Deux modèles s’affrontent : sortir le plus rapidement possible les voitures et deux-roues du centre-ville pour régler le problème de la pollution climatique et sonore. On retrouve ici Colau et son projet de piétonniser le maximum de rues possibles. De l’autre, l’ensemble des candidats défendent, avec plus ou moins d’ardeur, la présence des voitures et motos, essentiels selon eux à l’activité économique de la ville.
Dans ce débat, l’actuelle maire de Barcelone a clairement le monde du commerce face à elle. Selon les commerçants, les quartiers piétons font monter les prix du logement et les Barcelonais doivent quitter la ville pour habiter en banlieue, sans trouver de transports en commun adaptés. Une peur sur laquelle surfe Collboni de manière décomplexée. « Les entreprises ont besoin de parler et de bâtir des ponts avec les institutions », analyse Christian Marion. Cette année, elles ont trouvé des oreilles complices.