La présence de travailleurs étrangers, notamment de Français à Barcelone, font tripler les loyers de la capitale catalane.
Photo : Antonio Lajusticia Bueno/Ajuntament
Le marché de la location à Barcelone est sous tension. Une situation provoquée par la forte présence de demandeurs étrangers, notamment de Français. À titre d’exemple, les ressortissants étrangers ont signé 43 % des contrats de location auprès d’Amat Immobiliaris en 2022, d’après son directeur général Guifré Homedes. Conséquence, la baisse de l’offre de biens à louer couplée à la hausse de la demande des travailleurs étrangers, communément appelés « digital nomad » ont fait augmenter les loyers barcelonais.
Les Français omniprésents sur le marché
Pour Homedes, ce groupe de « digital nomad » reflète « le changement qui s’est produit dans la ville, qui a créé un environnement très favorable aux start-ups et aux entreprises technologiques ». « Il s’agit principalement de petits entrepreneurs qui, dans leur pays, travaillaient déjà à domicile et qui le font désormais depuis Barcelone », analyse-t-il.
Dans le cas du groupe Amat, un gros pourcentage de leurs clients sont des Français, qui exercent pour une société française, mais n’optent pas pour une location saisonnière car ils prévoient d’y rester à long terme. Ce profil de locataire participe à la hausse significative des loyers à Barcelone. La raison ? « Ils ont des salaires européens et paient des prix que les locaux ne peuvent plus se permettre », explique Homedes. Selon lui, « un phénomène similaire se produit dans d’autres villes comme Lisbonne, avec un bon environnement de l’offre professionnelle, des prix du logement inférieurs aux niveaux européens et une qualité de vie élevée ».
L’offre locative en berne
La hausse des travailleurs étrangers n’est pas sans conséquence. Amat a souligné que cette augmentation ajoute une pression sur un marché locatif déjà sous tension. « La hausse des taux rend l’achat plus difficile pour les jeunes, donc les appartements locatifs sont pris d’assaut », résume le directeur général d’Amat. Ces deux facteurs ont augmenté l’âge moyen des locataires, si bien que 50 % d’entre eux ont déjà plus de 40 ans. En parallèle, l’offre locative poursuit sa forte baisse, et du côté d’Amat, elle est à son plus bas niveau en 75 ans d’histoire.
Homedes a expliqué que son entreprise avait signé 9 % de contrats en moins l’an passé par rapport à 2021, en raison d’un manque de biens. « Le deuxième semestre 2022 a été celui où nous avons eu le moins d’appartements disponibles au cours des 5 dernières années, et cette année nous ne voyons que des perspectives qui se détériorent », s’inquiète Homedes.
Les loyers montent en flèche
« Les ventes aux investisseurs représentaient 20 % de nos transactions et maintenant seulement 5 % », analyse le directeur d’Amat. Ainsi, l’entreprise s’attend à louer cette année entre 150 et 200 logements de moins qu’en 2022, « et nous serons à la moitié de ce que nous louions il y a quelques années ». Dans le même temps, la chute de l’offre et la demande croissante ont provoqué de nouvelles hausses de prix qui, dans le cas d’Amat, ont oscillé entre la stabilité dans les quartiers de Sant Andreu, Ciutat Vella et Les Corts et des augmentations hauteur de 31 % à Gràcia ou de 20 % dans l’Eixample.
« Le loyer moyen des contrats que nous signons dépasse déjà 1.200 euros/mois dans tous les bureaux », a-t-il ajouté. Selon Homedes, les tensions du marché ne peuvent être résolues qu’en augmentant l’offre d’appartements locatifs. En ce sens, il imagine des formules de collaboration public-privé, une incitation à la baisse des prix par le biais de mesures telles que des incitations fiscales pour les propriétaires qui louent en dessous du niveau du marché. Autant de suggestions susceptibles d’atténuer l’envolée des loyers barcelonais.
