La compagnie aérienne Vueling écope d’une amende de 30 000 €. L’Inspection catalane du travail lui reproche des discriminations entre les hommes et les femmes. Ces dernières se voient imposer un dress code, plus strict que celui des hommes.
Photo : Vueling
30 000 €. C’est le montant de l’amende infligé à la compagnie aérienne espagnole Vueling, par l’Inspection du travail du gouvernement catalan. Une sanction hautement symbolique. À l’image d’une « infraction très grave » portant atteinte aux droits fondamentaux, estiment les inspecteurs.
Car chez Vueling, chaque jour, on demande aux hôtesses de l’air un dress code et maquillage bien particuliers. Porter des talons de 5 à 8 cm de haut, mettre du fond de teint, de l’eye-liner et du mascara noir. À l’inverse, les extensions de cils d’apparence ou de longueur artificielles sont interdites tout comme le fard à paupières autre que gris clair ou marron clair, et le port d’un rouge à lèvres indiscret. Alors que pour les stewarts, seule une tenue vestimentaire « d’aspect propre et soigné » est exigée. Pour le reste, rien de spécifié. Ni pour les chaussures, ni pour le maquillage.
Et c’est justement cette différence qu’a pointée du doigt le syndicat Stavla, qui a par la suite porté plainte. La police du travail espagnole leur a donné raison. Quant à la compagnie aérienne espagnole, elle affirme « réviser le style vestimentaire imposé et travailler sur une image inclusive, en prenant en compte les suggestions de l’équipage ». Elle n’a d’ailleurs pas perdu de temps puisqu’elle a déjà modifié ses critères sur le maquillage. « Actuellement, il n’y a plus de distinction de genre ou d’obligations », précise la société.
Une « mentalité archaïque » encore présente en Espagne
Mais Vueling n’est pas la seule à exiger une apparence spécifique aux hôtesses de l’air. C’est en réalité très commun dans le métier. Dans un article du quotidien El Periodico, une hôtesse espagnole expliquait que le foulard autour du cou était obligatoire et devait être de 4,5 centimètres. Malgré tout, c’est toute la péninsule ibérique qui s’avère en retard sur le sujet selon un responsable de vol. Les compagnies étrangères ne sont pas aussi strictes sur le maquillage et les chaussures à talons. « Dans certaines entreprises espagnoles, la mentalité archaïque continue de prévaloir. »
En 2019, l’Union syndicale ouvrière (USO) avait dénoncé une pratique de Ryanair, obligeant le personnel féminin à porter une jupe ou un tablier. Après coup, la compagnie leur a donné la possibilité de porter des pantalons fournis par l’entreprise. D’autres sociétés, comme Ferrovial, ont aussi été pointées du doigt pour des règles discriminatoires, leur valant une amende de 25 000 €. Les femmes qui travaillaient dans les TGV se voyaient imposer une certaine couleur de cheveux, coiffure et maquillage. En 2022, l’inspection du travail espagnole a repéré un total de 816 infractions.