La drogue à Barcelone n’est pas sans face cachée. Composants ajoutés frauduleusement ou réseau déguisé en association. Révélations sur les dessous de ces substances illicites, tant consommées dans la capitale catalane.
Plaque tournante et ville prisée des Européens pour sa drogue, Barcelone n’est pas en manque de consommateurs. Mais savent-ils vraiment ce qu’ils achètent ? Un rapport de l’ONG Energy Control vient de sortir sur la MDMA (ecstasy), l’amphétamine et la cocaïne, très « sniffée » dans la capitale catalane. Il révèle les compositions de ces substances illicites tant convoitées. Qui ont de quoi étonner.
C’est avec la caféine que travaillent majoritairement les trafiquants. Sa large disponibilité à travers tous les pays fait d’elle l’adultérant – produit de moindre qualité ajouté frauduleusement à un autre – le plus utilisé parmi les quelque 12 000 échantillons de drogue analysés dans l’étude retranscrite dans El Principal.
On la retrouve généralement dans l’ecstasy. A l’instar des 98,6 % de comprimés d’amphétamine, et de la poudre blanche. Mais ce n’est pas la seule substance qui s’ajoute aux recettes de fabrication, dans le but d’augmenter les performances de chacune, ou à réduire ses effets négatifs.
Vermifuge et médicaments dangereux
Le rapport identifie plus de 30 adultérants, au total, compris dans les drogues. Et sur le podium, montent également le paracétamol et le lévamisole, un vermifuge utilisé par les vétérinaire pour le bétail. Il était autrefois donné aux humains mais retiré par la suite, par souci de problèmes sanguins.
Ces trois produits sont les plus fréquents. Mais il n’y a pas vraiment de ligne directrice commune. Car pour la cocaïne, connue pour son effet stimulant et extrêmement addictif, la MDMA, réputée pour provoquer des hallucinations, ou encore l’amphétamine, qui accélère la communication entre le corps et le cerveau, pas moins d’une dizaine de combinaisons différentes existent pour les fabriquer. Jusqu’à 26 pour l’amphétamine, et 13 pour la MDMA.
C’est cette dernière qui pourrait être qualifiée de plus « pure », avec un taux de 80,5 %, et seulement la caféine comme substance annexe fréquente. Le reste fait davantage froid dans le dos, avec huit adultérants différents remarqués chez les pilules blanches d’amphétamine, et quatre dans la poudre de même couleur. On y remarque même la présence de phénacétine, un antidouleur toxique pour les reins. Et des anesthésiques comme la lidocaïne ou la tétracaïne, dans la cocaïne.
L’étude note tout de même deux « bons points », ou plutôt améliorations. Selon l’association, l’adultération a diminué et « aucune falsification particulièrement toxique n’a été identifiée ». Des propos tenus avec une certaine prudence tout de même, puisque l’objectif reste d’alerter les consommateurs sur les risques sanitaires de ces drogues. Et leurs achats, pas sans conséquences.
Des trafics de drogue à Barcelone déguisés
Lundi 23 janvier, un procès a été ouvert sur un trafic de cannabis et marijuana, drogue réalisée à partir de la plante, au Tribunal de Barcelone. L’homme et la femme à la tête du réseau surnommé « La Fausse grand-mère » par la police, risquent six ans de prison et 25 400 € d’amende, pour délit contre la santé publique, et d’association illicite.
Une affaire qui remonte à cinq ans, où le réseau s’était déclaré auprès du gouvernement catalan comme association « La Maison de grand-mère », dans le Gótic. Mais mamie en question n’était pas toute de rose vêtue. Et aux fourneaux, non pas une mère-grand mais 400 dealers et consommateurs.
L’association, censée officiellement informer, rechercher et étudier l’usage du cannabis, vendait en réalité de la marijuana et du haschisch à ses « clients » en échange d’une inscription à 20 €. De cette façon, le trafic déguisé avait empoché près de 8 000 € de bénéfices. Et attiré de nombreux touristes via Facebook. Certains avaient d’ailleurs été arrêtés avec plusieurs sacs de drogue, rapporte le média catalan Tot Barcelona. Il n’y a pas que les compositions des drogues qui cachent bien leur jeu. Ceux aux manettes aussi.
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