De quelques heures jusqu’à quatre jours d’attente. C’est le triste sort des patients des urgences de l’Hospital del Mar de Barcelone. Sous pression, sans personnel suffisant et face à une augmentation du nombre de malades, les professionnels de santé fatiguent.
Photo : Clémentine Laurent
Les couloirs des urgences de Barcelone ne cessent de se remplir. Dans la capitale catalane, cela fait plusieurs jours que les professionnels de santé alertent sur une saturation, à cause de la grippe couplée au Covid-19. A l’Hospital del Mar, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Dans le service des urgences, la capacité d’accueil de 93 patients double régulièrement. Ces derniers jours, pas moins de 200 personnes se rendaient aux urgences pour se faire soigner.
En conséquence ? Le temps d’attente s’allonge, les services fonctionnent à flux tendu et le personnel craque. Selon le média catalan Nació, trois membres de l’équipe médicale d’urgence auraient menacé de démissionner si la qualité des soins n’était plus garantie. Un médecin aurait déjà sauté le pas, face à une situation « médiocre ».
10/01/2023
193 pacients a Urgències de l’Hospital del Mar.
56 superen les 24 hores.
El pacient que més temps porta supera les 90 hores.@salutcat pic.twitter.com/zDu6QNPSYD— UrgènciesDelMar (@UrgenPSMar) January 10, 2023
« Le plus scandaleux, c’est le temps qu’il faut entre le moment où vous arrivez à l’hôpital et celui où le médecin vous donne les premiers soins, les tests et le traitement dont vous avez besoin », explique l’un des coordinateurs du service d’urgence de l’Hospital del Mar. Jusqu’à quatre jours d’attente, parfois. Ainsi, des malades dont l’état nécessite une prise en charge dans l’heure suivant leurs arrivées, doivent patienter dix fois plus longtemps.
Les urgences de l’Hospital del Mar sous pression
Ce phénomène se répète chaque hiver à Barcelone, dès lors que les maladies respiratoires se propagent. Mais avec le nouveau virus du Covid, ajouté à l’épidémie de grippe, les urgences se voient de plus en plus pressurisées. Le personnel a constaté une augmentation d’environ 20 % par rapport à l’an passé. Bon nombre de patients ont plus de 70 et 80 ans, et restent plus de 24 heures dans les services. Soit, 5 à 10 % de plus qu’avant.
Pour réduire le flux, les urgences en viennent même à demander au SAMU d’éviter de leur transférer des patients. Car le nombre de soignants, lui, reste identique. Et après la pandémie de Covid, le personnel avoue être fatigué. Or, dans un métier où la santé des habitants tient entre les mains des soignants, être surmené s’avère dangereux.
Le personnel de santé manque
Depuis plusieurs mois, des changements ont été réclamés et une meilleure gestion des urgences, demandée. Mais les promesses n’ont pas été tenues, se désole l’équipe d’urgentistes. Le nombre de patients continue d’augmenter, sans que ne suivent les effectifs. « Il y a un problème de recrutement et il n’y a pas assez de professionnels pour tout couvrir », reconnaît la direction, auprès du journal catalan.
Une lueur d’espoir se cache tout de même derrière l’agrandissement de l’Hospital del Mar. Les urgences seront deux fois plus grandes et se doteront de 75 nouveaux lits. Encore faut-il avoir le nombre suffisant de soignants, et que ceux des équipes actuelles tiennent bon.
En Catalogne, deux journées de grèves sont prévues, les 25 et 26 janvier, à l’appel des médecins catalans et du Syndicat catalan de la Santé. Avec comme raison première, la surcharge de travail, qui touche tous les centres de santé, à différents niveaux. Tout comme leurs voisins français.