Réussir le Dry January à Barcelone relève-t-il de la mission impossible ? Entre ceux qui s’y essaient difficilement, ceux pour qui c’est perdu d’avance, et ceux qui tiennent bon, pour leur santé, ces Français témoignent.
Photo : Clémentine Laurent
« J’ai commandé pour la première fois de ma vie un mojito sans alcool », s’exclame Pierre 29 ans, fier de lui. Le manager dans une entreprise de conseil en data, installé à Barcelone depuis deux ans, peut l’être. Il fait partie de ces Français de Barcelone qui, depuis le début de l’année, ont décidé de faire le Dry January (« Enero seco » en espagnol), le mois sans alcool. « Pour l’instant, pas d’abandon. Le plus dur reste à venir », assure-t-il. Et croyez-le ou non, ce n’est pas si facile.
Dans la capitale catalane, tenir les 31 premiers jours de 2023 sans boire une goutte d’alcool est un véritable challenge. « On a le droit de dire qu’on a déjà perdu ? », rigole Alexane, Nantaise arrivée à Barcelone en juin. « Impossible. C’est le mois de mon anniversaire », s’est trouvée comme excuse Blandine. Comme elles deux, ceux qui ne l’ont pas essayé ou bien ceux qui ont déjà abandonné ne diront pas l’inverse : la tentation est grande.
“C’est très difficile à Barcelone”
« J+11 de lutte, je ne peux même pas compter le nombre de refus de verre. » Lucie, originaire de Toulouse, dresse un état des lieux semé de complications. « C’est très difficile à Barcelone, on vit toujours dehors. Et l’alcool fait souvent partie des moments de partage, des événements. »
En 2018, la ville comptait pas moins de 733 bars, dans un pays disposant d’un pub pour 170 habitants, et où l’apéritif rime avec vermouth, cava ou sangría. « Avec le nombre de terrasses qu’il y a, c’est compliqué. Le plus dur, c’est de continuer à profiter avec ses amis qui ne le font pas », renchérit Pierre, originaire de Lille, où « boire des coups » fait presque partie de la culture.
Une trêve d’un mois pour sa santé
Mais à l’aube de ses 30 ans, le jeune homme a souhaité, pour la première fois, offrir une trêve d’alcool à son corps le temps d’un mois. Un peu de repos bon pour la santé à la suite des fêtes, comme le veut son concept. L‘initiative britannique suit la démarche du mois sans tabac, pour améliorer la santé publique et réduire sur le long terme la consommation d’alcool.
“Je me suis rendue compte que je buvais tous les jours depuis que je suis arrivée. Ne serait-ce qu’un petit verre”, admet la Toulousaine de 25 ans. Alors pour Pierre, Lucie, et bien d’autres, les bonnes résolutions de 2023 ont donc commencé par celle-ci. « Pour mon corps et mon mental. » Mais aussi pour vivre des soirées d’une toute autre manière, avec des “discussions censées et sans problèmes d’articulation”, sourit la Française.
Et fort heureusement, certains bars suivent aussi le mouvement, en se montrant compréhensifs à Barcelone. Dans un tel contexte, il faut bien s’avouer que leur soutien est indéniable. Mais pour ceux dont le défi s’avère encore trop insurmontable, il reste un espoir. A en croire les associations de prévention de l’alcoolisme, l’idée du Dry January n’est pas tant d’arrêter complètement de boire de l’alcool, mais surtout de se limiter. Et ça, ça ne devrait pas être impossible.