En France, l’Épiphanie est simplement synonyme de galettes des rois. En Espagne en revanche, on sort le grand jeu pour célébrer la plus ancienne des fêtes traditionnelles. Explications.
Photo : Clémentine Laurent
Selon la Bible, lors de la naissance de Jésus, des Mages sont venus d’Orient pour rendre visite au nouveau-né. Cependant, dans les Saintes Écritures, aucun nom n’apparait, pas plus que le nombre de mages est précisé. Le terme roi n’est pas non plus utilisé dans les évangiles. Le rédacteur Matthieu a utilisé le mot grec magoï (qui donna mage) pour parler d’eux. Ce terme désigne vraisemblablement des experts en astrologie et autres pratiques occultes.
Ce sont donc des traditions populaires qui ont ajouté les termes de « Rois » et ont affublé les personnages de noms propres. Ce n’est qu’au Moyen-Âge que les Mages ont été baptisés Melchior, Gaspard et Balthazar et que cette tradition s’est instaurée dans la société espagnole. La Bible explique simplement qu’une étoile a guidé ces Mages de l’Orient vers l’étable où Jésus était né, et par la suite, ils lui ont offert or, encens et myrrhe.
L’origine de la Cavalcade, la grande parade des Rois
La grande parade des Mages telle qu’elle a lieu encore ce week-end à Barcelone est une tradition qui remonte à loin. A priori au XIXe siècle, lorsqu’il a été décidé de transformer la veille de l’Épiphanie en une fête pour les enfants avec des cadeaux, imitant ce qui se faisait dans d’autres pays européens en hommage à Saint Nicolas, comme dans l’est de la France par exemple. La première Cabalgata d’envergure a eu un lieu à Alcoy, Alicante, en 1875. En 1985, le gouvernement espagnol a décidé d’officialiser cette grande parade dans tout le pays.
A Barcelone, les Rois Mages débarquent en bateau sur le port de Barcelone chargés de cadeaux et de friandises. Les enfants reçoivent alors une tonne de friandises et ont l’occasion de laisser leur lettre aux Rois, comparable à la lettre au Père Noël en France. Le soir de l’arrivée des Rois Mages, les enfants iront également se coucher tôt et laissant leurs chaussures pour que les Rois y déposent des cadeaux en échange des quelques friandises placées dedans.
Le Roscón de Reyes
Le lendemain de la Cabalgata, les enfants se lèvent et découvrent que les Rois ont mangé toutes les sucreries et les ont remplacées par une tonne de cadeaux (ou un morceau de charbon pour les enfants moins sages). Han venido los reyes ! (Les Rois mages sont passés !). C’est la phrase prononcée dans presque toutes les maisons espagnoles le 6 janvier. Les familles espagnoles ouvrent alors leurs cadeaux et terminent ces fêtes en préparant et/ou dégustant le Roscón de Reyes ensemble.
Ce dessert est l’équivalent de la galette des rois française, sous forme de brioche décorée de fruits confits. Elle aussi contient une fève, ainsi qu’un haricot. Selon la tradition, celui qui trouve la fève est « roi du jour » et celui qui trouve le haricot doit payer le prochain Roscón.
Pourquoi des cadeaux en janvier ?
La logique des Espagnols de donner les cadeaux de Noël le 6 janvier, au lieu du 24 ou du 25 comme en France, a du sens. Les Rois Mages ne seraient arrivés, en effet, que le 6 janvier à Bethléem pour offrir l’or, l’encens et la myrrhe à Jésus. C’est donc aussi ces jours-là que les Espagnols ont choisis pour donner les cadeaux à leurs enfants et leurs proches