Le gouvernement espagnol est-il sur le point de craquer afin d’organiser un référendum en Catalogne sur le modèle de l’Ecosse ? Éléments de réponse.
« Si, à la suite du dialogue, un consensus et un accord minimum sont trouvés sur la manière d’organiser l’autonomie de la Catalogne qui relève de la responsabilité de la communauté catalane, je suis d’accord avec cette consultation et cela me convient. » La déclaration cette semaine de Salvador Illa, chef des socialistes catalans et ancien ministre de Pedro Sanchez, a jeté de l’huile sur le feu politique espagnol. « En aucun cas, cette consultation sera sur l’autodétermination » a prudemment ajouté l’ancien ministre de la Santé.
Il n’empêche que son annonce intervient dans un climat politique électrique, alors que le gouvernement espagnol vote de concert avec les indépendantistes la réforme des délits de sédition et de malversation qui va permettre aux leaders catalans poursuivis pour la tentative de sécession de 2017 de voir leurs peines d’inéligibilité considérablement réduites. Les modifications légales ont été dessinées depuis Barcelone dans le but de permettre aux leaders indépendantistes, Oriol Junqueras le chef des indépendantistes de gauche (ERC) en tête, de pouvoir se présenter plus rapidement aux élections.
Le Premier Ministre socialiste Pedro Sanchez collabore afin d’attirer les votes catalans vers son parti lors des prochaines législatives de 2023, en expliquant que le gouvernement a apaisé la crise dans la région en mettant fin à la répression judiciaire. Au passage, l’accord permet à Pedro Sanchez de terminer cette législature avec l’indispensable soutien parlementaire des députés indépendantistes.
« Le gouvernement pourrait céder sur le référendum en Catalogne »
ERC croit, ou fait mine de croire, que le référendum est possible. « Le gouvernement avait affirmé qu’il n’accepterait jamais une réforme de la sédition et de la malversation, pourtant il vient de céder. On peut imaginer la même chose pour l’autorisation du référendum », répètent sur tous les tons les têtes pensantes de la gauche indépendantiste. Pour gagner en sérieux, ERC rejette désormais le discours tenu par Carles Puigdemont et conteste la légitimité du référendum illégal du 1er octobre 2017. ERC propose que le prochain référendum soit valide si le oui remporte au moins 55% des voix, avec une participation minimale de 60% des listes électorales.
Salvador Illa, même s’il ne parle que d’une consultation sur le thème d’un nouveau financement de la Catalogne par exemple, alimente une thèse présente dans certains milieux progressistes : un référendum en Catalogne organisé par le gouvernement espagnol avec une bonne communication pédagogique serait forcement remporté par les votants du non à l’indépendance. Et le problème de la sécession serait réglé pendant au moins une décennie ou plus, comme c’est le cas en Ecosse ou au Québec.
En attendant, triple polémique : réforme de la sédition, réforme de la malversation et évocation du référendum en Catalogne alimentent le discours de la droite et de l’extrême-droite qui accusent le gouvernement d’être prêt à vendre l’Espagne aux indépendantistes. Les élections municipales auront lieu dans six mois et le résultat offrira un premier bilan de ces tractations gouvernementales en Catalogne.