Le quartier chinois de Barcelone se situe en plein cœur de la ville. Près de l’Arc de triomphe, les rues sont remplies de boutiques asiatiques. Pourquoi ici ? Les commerçants lèvent (difficilement) le secret.
Ronda Sant Pere, 10 h, Barcelone. Supermarchés, agences de voyages, bars et salons d’esthétique chinois commencent doucement à ouvrir leurs portes. C’est ici, à deux pas de l’Arc de Triomphe, dans le centre de Barcelone, que se concentre le plus de boutiques asiatiques. Bubble tea, vêtements coréens ou encore acupuncture chinoise. Dans la même rue parallèle au monument, on trouve tout le nécessaire pour vivre, manger et boire comme en Chine. Le Born et Fort Piec accueillent les quartiers chinois de Barcelone.
Plus de 20 000 Chinois à Barcelone
Mais pour en avoir la moindre information, il faut s’accrocher. Là où les familles espagnoles ou françaises s’exprimeraient volontiers sur leur communauté, eux font la sourde oreille. « Je ne comprends pas très bien l’espagnol », répondent certains, dans la langue en question. Pourtant, il n’y a pas de quoi rougir. Les Chinois sont aussi nombreux que les Français à vivre à Barcelone. Dans la cité comtale, ils sont plus de 22 500, selon les derniers chiffres de la mairie.
Alors forcément, avec une telle densité, on ne pouvait pas imaginer Barcelone sans quartier chinois. Mais pourquoi dans le centre ? « A Ronda Sant Pere, cela ne fait pas si longtemps, commente Tania, gérante du café Hanam du bout de la rue. Peut-être cinq ans ? » Avant, la rue était remplie de grossistes. « Et puis petit à petit, des magasins chinois ont ouvert. Des agences de voyages, des boutiques de vêtements. Et les Chinois installés ici en ont amené d’autres. »
La rue Trafalgar, berceau des commerces asiatiques
S’ils sont autant à avoir construit leur nid commercial ici, c’est parce que le cocon familial n’est pas loin. Historiquement, c’était dans la rue Trafalgar qu’on pouvait trouver plusieurs commerces chinois. « Il y avait surtout des entreprises textiles ou des magasins de vêtements. Et au fur et à mesure, ils ont été reloués par la communauté chinoise. Beaucoup sont d’ailleurs restées des affaires familiales », raconte Suguang, gérant du supermarché DayDay Go.
Lui a décidé d’ouvrir sa supérette Ronda Sant Pere il y a seulement trois mois, après un premier test concluant à Badalona. Avec Sant Coloma de Gramenet, c’est la ville en périphérie la plus habitée par les Chinois après Barcelone.
Mais ici, dans le centre, Suguang savait qu’il y avait un marché à prendre. Déjà parce qu’il serait loin d’être le seul commerce chinois. Et surtout parce que la clientèle est proche. « Forcément, les gens veulent vivre près de leur travail. Alors dans ce quartier, il y a beaucoup de chinois, vietnamiens, thaïlandais ou même philippins ». C’était encore sans compter les touristes, les locaux (et les Français) amateurs de cuisine asiatique. Et ça, ce n’est pas un secret.