« C’est tellement plus facile de se faire des amis à Barcelone »

Clémentine Laurent

Est-il plus simple de se faire des amis à Barcelone ? Soirées, événements, applications. Ici, tout est réuni pour nouer des liens rapidement. Mais la véritable amitié, elle, n’est pas si facile à obtenir. Avec les Catalans, elle relève même du défi. Ils racontent.

Crédit photo : Clémentine Laurent

« C’est tellement plus facile de se faire des amis à Barcelone », s’exclame Rachel, 28 ans. La Française s’est installée il y a plus d’un an à Barcelone. Ville cosmopolite, bouillonnante, et surtout remplie d’événements. Mais au milieu de plus d’un million d’habitants, il faut quand même arriver à faire sa place. Et pour ça, chacun y va de sa technique. Avec plus ou moins de galères.

Certains optent pour Tinder. Périlleux. D’autres, par les associations sportives. Efficace. Mais la voie la plus utilisée reste les groupes Facebook. « Français à Barcelone », « Francophones en Catalogne », « Les Françaises de Barcelone ». Le nombre de communautés en ligne pour nouer des contacts est illimité. « Bon, après ce n’est pas forcément des locaux », admet Rachel.

Applications et réseaux sociaux comme point de départ

A vrai dire, rencontrer de nouvelles personnes aujourd’hui à Barcelone, c’est simple comme Bonjour. Il suffit d’un clic. « Grâce à Instagram, Facebook, et l’application Meet-up, c’est facile. J’aurais aimé avoir ça au début », témoigne Laëtitia, 42 ans, originaire de Franche-Comté. Elle, a débarqué à Barcelone en 2007. A l’époque, aucun de ces moyens n’existait. « Heureusement, il y avait un site francophone qui proposait des Drink Nanas. On se faisait des restos entre filles. Elles ont été mes premières amies. » 

Parce qu’elle l’avoue, se faire des amis bien d’ici, c’est compliqué. Et encore plus avec des hommes. « C’est plus difficile en ici qu’en France, c’est certain. Il y avait bien mes collègues au boulot, mais c’est tout. J’ai eu beaucoup de mal à me faire des amis Catalans. Je parle de vrais amis pas de bons collègues. »

Maintenant, elle utilise beaucoup l’application Meet-Up pour faire des randonnées à plusieurs, avec des étrangers et des Catalans. « C’est super pour s’intégrer », assure la Française. Mais tous ne vivent pas les Meet-Ups de la même façon. A croire que certaines activités sont plus « saines » que d’autres. Car sur l’appli, on trouve de tout. Sport, ateliers, soirées. Et les rencontres dans les bars peuvent aussi être plus risquées.

Parfois, on se retrouve à discuter un peu trop longtemps avec un inconnu, à devoir lui payer ses verres et tapas. D’autres fois, on a presque l’impression d’être dans un speed dating non voulu. Et au bout du compte, on peine à se faire une véritable amitié…« Le résultat est à double tranchant. Avec les applis et réseaux sociaux, il y a aussi une dimension consumériste dans la manière d’aborder les relations amicales. Si la personne ne colle pas avec l’image qu’on s’en faisait, on tend à la zapper et passer à la suivante. Alors que si on rencontre des gens par hasard, on apprend à se connaître », analyse Agathe Fourgnaud, psychologue à Barcelone.

« Ici, les relations mettent du temps »

Cette impression de ne pas avoir de vrais amis, Julien la vit depuis un an et demi. Des connaissances pourtant, il en a fait plein. « Mais j’ai la sensation que, du fait du nombre d’expats, beaucoup de gens sont de passage et sont moins investis pour créer des liens. » Et le schéma se répète sur les locaux. « J’ai mis plusieurs années à apprivoiser mes amis Catalans. J’avais l’impression que ça n’allait pas plus loin que la bonne entente cordiale. Pourtant j’ai beaucoup voyagé et j’ai travaillé dans plusieurs pays. Je ne pense pas que ça vienne de moi. Ici, les relations mettent du temps à s’établir », ajoute Laëtitia.

Certes, les Catalans sont réputés pour être fermés. « Mais c’est un préjugé, on peut trouver des gens ouverts ou fermés un peu partout », assure Alejandro Pinato, psychothérapeute francophone. D’autant que pour sa consœur, Agathe Fourgnaud, « c’est facile de discuter, manger des tapas…  » En revanche, il n’y a pas forcément plus derrière. « Les Barcelonais « de souche » n’éprouvent pas le besoin de se faire de nouveaux amis.  Ils ont leur famille ici, leurs amis de longue date », explique la psychologue.

Plus la peine de culpabiliser de ne traîner qu’entre Français donc. Rien de plus normal, dirait même Agathe Fourgnaud. « Nous avons une culture très forte et beaucoup s’en rendent compte quand ils sont à l’étranger. Il y a toujours ce besoin d’échanger avec d’autres Français. » Et pour le reste, l’amitié se déclinera en plusieurs langues. Car à Barcelone, s’il est si facile de se faire des amis, c’est surtout parce que les relations se conjuguent à l’international. Et forcément, ça laisse plus de choix.

A lire aussi : « Barcelone, c’est chez moi » : ces Français devenus Barcelonais

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