Et si vivre à Barcelone permettait de mieux vieillir

Saint-Valentin et la Sant Jordi

Soleil,  diète méditerranéenne, pollution : l’environnement de Barcelone permet-il de mieux vieillir ? Eléments de réponses avec médecins et experts. 

Photo : Clémentine Laurent

L’organisme perd progressivement la capacité à assurer ses fonctions vitales et à se défendre. Sur le visage apparaissent les rides. Simultanément, les cheveux sont de moins en moins renouvelés, et deviennent plus rares. Les organes des sens se détériorent, le cristallin de l’œil devient moins souple, l’ouïe s’affaiblit, le goût et l’odorat s’amoindrissent. C’est le processus de vieillissement du corps humain. Vivre dans l’environnement barcelonais permet-il de retarder ou d’améliorer ce processus ?

Le soleil

Barcelone, avec environ 300 jours de soleil par an,  bat largement d’autres villes plus au nord comme Paris, avec seulement 200 jours d’ensoleillement chaque année. L’exposition raisonnable au soleil permet d’améliorer sa santé physique et mentale. Selon certaines études, le soleil réduirait le risque de cancer du colon, de la prostate et mammaire. Une meilleure exposition solaire agit également dans le cadre de la lutte contre le diabète ou l’hypertension artérielle. Enfin, le soleil produit dans le corps humain de la vitamine D, particulièrement utile pour protéger nos os.

Si l’on peut dire que le soleil permet de vieillir mieux, il faut rester prudent. Une trop forte exposition solaire notamment durant les heures du zénith « favorise le cancer de la peau, le vieillissement accéléré de la peau, le manque d’hydratation, et l’apparition de ridules », souligne Didier Tournon, spécialiste des soins corporels et créateur de la chaîne d’instituts de beauté French Kiss à Barcelone . Or, avec l’âge, la peau se renouvelle plus lentement, s’amincit, perd sa souplesse et s’assèche.

La diète méditerranéenne

Une récente étude indique qu’un régime méditerranéen provoque des changements dans la composition des bactéries dans le tube digestif qui améliorent les fonctions cognitives et la mémoire, le système immunitaire et la solidité osseuse. Le microbiome de l’intestin est un système complexe, constitué de milliards de microbes qui vivent de façon semi-permanente dans nos intestins. Ces microbes ont évolué en parallèle avec les êtres humains et autres mammifères afin de s’attaquer aux ingrédients indigestes tels que l’inuline, l’arabinoxylane, et les amidons résistants.

Ils permettent également de prévenir la croissance de bactéries pathogènes. Mais le microbiome est extrêmement sensible et de nombreux éléments, entre autres le régime, les médicaments, l’héritage génétique, et même certaines pathologies comme la maladie inflammatoire intestinale et le syndrome du côlon irritable peuvent modifier l’environnement du microbiote intestinal.

Ce dernier joue un rôle si important dans notre corps qu’il est même associé à des changements de comportement menant à l’anxiété et dépression. Mais en ce qui concerne d’autres maladies comme le diabète de type 2 et l’obésité où le microbiome peut expliquer en partie le problème, d’autres facteurs comme l’héritage génétique et les mauvaises habitudes de vie sont plus importants.

Une étude a été menée sur  612 personnes âgées de 65 à 79 ans. La moitié d’entre elles a adopté un régime méditerranéen pendant un an. Ce qui voulait dire de consommer plus de légumes, de légumineuses, de fruits, de noix, d’huile d’olive et de poisson, et de manger moins de viande rouge, de produits laitiers et de matières grasses saturées. Les autres participants ont continué de manger comme à leur habitude. Ceux qui suivaient le régime méditerranéen avaient une fonction cognitive et une mémoire plus grandes, ainsi que moins d’inflammation et plus de solidité osseuse.

5 choses à savoir sur la diète méditerranéenne - Véronique Cloutier

Il a été constaté que les participants dont le régime était déjà méditerranéen présentaient une augmentation insignifiante de la quantité et de la variété des bactéries présentes. Cependant, lorsqu’a été comparé les microbiomes des participants avant et après le régime, deux groupes de microbes de l’intestin ont été identifiés : des microbes dits positifs qui avaient augmenté à la suite du régime méditerranéen et des microbes dits négatifs dont le nombre avait diminué pendant la durée du régime.

Les microbes positifs ont proliféré dans la diète méditerranéenne, tandis que les microbes négatifs n’ont pas pu métaboliser la diète ou combattre les microbes positifs. Ces derniers ont été associés avec une diminution de la fragilité et de l’inflammation dans le corps, ainsi que des niveaux plus élevés de fonction cognitive. La perte des microbes négatifs a été associée aux mêmes améliorations de santé.

Au début de cette étude, de nombreux participants exhibaient des symptômes de pré-fragilité – c’est-à-dire que la force et la densité de leurs os commençait à décliner. Il a été observé que ceux qui n’avaient pas modifié leur régime habituel s’étaient affaiblis au cours de l’année, alors que ceux qui avaient adhéré au régime méditerranéen étaient moins fragiles.

Le lien établi entre la fragilité, l’inflammation et les fonctions cognitives avec les changements observés du microbiome était plus important que celui observé avec les changements d’alimentation. Ce qui suggère que le régime seul ne suffirait pas pour améliorer ces trois marqueurs. Il faudrait également que le microbiome change – et le régime a provoqué ces changements.

La pollution de Barcelone

« Réduire définitivement la pollution de l’air mondiale pour respecter les recommandations de l’OMS permettrait d’ajouter 2,2 années à l’espérance de vie moyenne », écrivent les auteurs du rapport Air Quality Life Index publié par l’Energy Policy Institute de l’université de Chicago. C’est le point noir de Barcelone pour vivre et vieillir de la meilleure des manières possible.  La qualité de l’air de la capitale catalane favorise les « risques respiratoires et mais aussi cardio-vasculaires, il ne faut surtout pas faire de sport dans la rue » rappelle la docteur généraliste Ariadna Grané, de la clinique Turo Park de Barcelone.

lutte contre la pollution

Le volume important de véhicules en circulation dans la ville émet deux polluants majeurs, les particules fines (dites PM10) et le dioxyde d’azote (NO2). Selon le dernier Rapport sur la Santé publié annuellement par l’Agence de Santé de Barcelone, 68% des habitants de la ville ont été exposés à des émissions polluantes supérieures à la norme autorisée par l’Union européenne. Si l’on suit en revanche les normes de l’Organisation mondiale de la santé, 97% de la population serait concernée. Mais il n’y a pas que l’air. La pollution sonore, notamment le bruit des voitures et motos, serait un facteur aggravant pour un tiers des malades à Barcelone selon un récent rapport de l’Agence de Santé.

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