Alors que l’Espagne semblait jusqu’ici épargnée, plusieurs victimes ont témoigné ces derniers jours sur les réseaux sociaux après avoir subi une piqûre en boîte de nuit. Pour le moment, 14 cas ont officiellement été recensés par la police catalane. Un chiffre qui pourrait être largement sous-estimé.
Vertiges, sensation soudaine de grande fatigue, étourdissements pouvant aller jusqu’à la perte de connaissance. Voilà les principaux effets que l’on peut ressentir après ces piqûres de « soumission chimique », généralement administrées au niveau du bras ou de la cuisse. Depuis le début du mois de juillet, c’est en particulier en Catalogne, à Barcelone et Lloret de Mar que les plaintes ont été recensées.
Un témoignage qui a beaucoup été relayé ces derniers jours sur les réseaux sociaux, c’est celui de la DJ espagnole Neska, devenue l’une des artistes référence de la scène électronique catalane. « Avec une amie on a ressenti une piqûre pendant qu’on était en train de danser. Immédiatement, on a averti le personnel qui nous a confirmé qu’on a bien été piquées. Faites attention à vous dans les boîtes de Barcelone« , avertit la jeune femme.
Elle indique dans la suite de son message que la piqûre n’était pas profonde et que c’est pour cette raison qu’elle a réussi à rester lucide, mais ce n’est pas le cas de toutes les victimes, à l’image de Miriam.
Cette étudiante de 20 ans s’est rendue mardi 26 juillet à l’Arena Classic, en plein cœur de la capitale catalane. « On m’a piquée sur la jambe, et dès que je m’en suis rendue compte, je suis allée demander de l’aide au videur de la boîte. En à peine 10 minutes, je me suis écroulée, j’étais à moitié consciente avec la sensation que je devais dire et faire tout ce qu’on me demandait. J’ai été victime de soumission chimique« . Rapidement, les Mossos sont arrivés, suivis de l’ambulance. Mais une fois prise en charge par les urgences, les médecins n’ont pas été en mesure de lui dire quelle substance lui avait été injectée.
Un produit inconnu
Des enquêtes sont actuellement en cours pour tenter de déterminer la nature de ces piqûres, mais il est pour le moment difficile de le savoir. En effet, le produit administré disparaît rapidement dans le sang, rendant sa détection presque impossible lors des analyses, et donc la dénonciation, et de surcroît le dépôt de plainte, compliqué.
Les autorités barcelonaises indiquent toutefois qu’il s’agirait probablement de benzodiazépines, médicaments aux effets sédatifs, hypnotiques, pouvant provoquer une perte de conscience ou une amnésie, ainsi que de la kétamine, à l’origine d’une forte somnolence. Ces cas restent cependant rares et exceptionnels. Mais les propriétaires de boîtes de nuit commencent dès à présent à prendre les devants.
Jeudi 28 juillet, un accord a été signé entre le Ministère de l’Égalité mené par Irene Montero, et la Fédération nationale des entreprises du secteur des loisirs et du divertissement, afin de mieux lutter contre ce fléau. « La nuit, la rue et les bars sont aussi les nôtres, ils doivent être sûrs, et s’engager pour la liberté sexuelle des femmes », souligne la ministre. Ainsi, des espaces destinés à accompagner et conseiller les victimes d’agressions vont être mis en place dans les lieux nocturnes partout en Espagne. Ils seront signalés par des points violets, et feront office de refuge où la femme harcelée pourra se rendre et bénéficier d’aide.
Si les cas de personnes droguées à leur insu restent isolés, les plaintes sont toujours plus nombreuses chaque jour à Barcelone, où près de 200 000 fêtards se rendent dans les bars et boîtes de nuit de la ville chaque soir.