Face au risque élevé de tsunami, Barcelone n’est pas préparée

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La Méditerranée fait aussi partie des zones où des tsunamis peuvent se produire, et Barcelone y est exposée. Pourtant, la ville ne possède aucun plan d’évacuation de la population. 

Tempête Gloria à Barcelone, janvier 2020. Photo : wolf_rios/Instagram

Pour certains Barcelonais, il n’y a rien de plus apaisant que le clapotis de l’eau, des vagues qui viennent s’échouer sur la plage, le matin à l’aube. Une image sereine, bien éloignée de la réalité. Car si l’on n’en a jamais vu ces dernières années, le risque de tsunami est bien réel à Barcelone, et immédiat. 

Il y a quelques jours, la Commission océanographique intergouvernementale de l’Unesco alertait sur le risque de tsunamis, notamment dans la Méditerranée. Même si cette mer n’est pas perçue par le grand public comme aussi “dangereuse” en la matière que les Caraïbes ou le Pacifique, il y existe bel et bien un risque. “Les statistiques montrent que la probabilité d’un tsunami dans la Méditerranée, avec une vague de plus de 1 mètre, est proche de 100 % dans les 30 prochaines années”, affirme le rapport. Plus précisément, le secrétaire de la commission Vladimir Ryabinin explique qu’“il n’y a pas 100 % de probabilité que cela arrive, mais le risque est très élevé et nous devons y être préparés”.

Un tsunami n’est pas seulement une “vague” qui se limite aux côtes des mers chaudes. Il s’agit d’une onde, provoquée par exemple par un séisme, et qui se déplace à la surface de l’eau. Elle avance très rapidement, mais est peu visible en surface en pleine mer ; en revanche, elle gagne en puissance en s’approchant des côtes. 

La Catalogne et les Baléares, exposées aux tsunamis

Et parmi toutes les côtes de la Méditerranée, la Côte d’Azur mais aussi le littoral espagnol sont exposés. “On a retrouvé sur la côte de Tarragone des blocs de pierre qui ont été détachés et transportés par des tsunamis”, affirme Francesc Roig Munar, docteur en géographie et géologie, ce qui prouve que le risque est bel et bien réel. Les spécialistes ont daté ces tsunamis à environ 1500 et 1700, mais pour Francesc Roig Munar, la possibilité d’un tsunami sur les côtes espagnoles est “imminente”. 

tsunami barceloneTempête Gloria à Barcelone, janvier 2020. Photo : Ferran Nadeu/El Periódico

Consultant en environnement sur les thèmes du littoral catalan, baléare mais aussi caribéen, le docteur a également écrit une thèse sur les tsunamis et une autre sur la gestion de la morphologie du littoral. Il explique que les tsunamis, dans cette zone, sont surtout causés par l’activité d’une faille sismique située au large de l’Algérie, de telle manière qu’un tsunami provoqué par un tremblement de terre affecterait beaucoup plus les Baléares que la Catalogne. “En 2003, les îles Baléares avaient connu un tsunami avec d’énormes dégâts matériels”, se remémore Francesc Roig Munar. Le séisme, d’une magnitude de 7 sur l’échelle de Richter, avait endommagé de nombreux bateaux sur les côtes baléares et causé une grosse frayeur aux habitants. 

Mais “grâce” à la présence des Baléares entre la Catalogne et la faille algérienne, les tsunamis arrivant sur la côte de Barcelone ne devraient pas être d’une telle gravité. Ils seraient “freinés” par les îles et devraient d’abord passer par le littoral tarragonais avant d’arriver sur Barcelone. 

Barcelone, trop peu préparée face aux tsunamis

Par ailleurs, ce n’est pas une seule grande vague à laquelle il faudrait s’attendre. “Dans la Méditerranée, les tsunamis ne dépassent pas 1,50 mètre de haut, en revanche il peut y avoir plusieurs vagues très longues, qui arrivent avec beaucoup de force et détruisent tout ce qui se trouve sur leur passage”, précise Francesc Roig Munar. 

Mais Barcelone n’en est pas à un scénario-catastrophe : selon le consultant, un tsunami sur Barcelone affecterait surtout la zone du port et les premières rangées de bâtiments, qui sont par ailleurs assez solides pour y faire face. De plus, Barcelone est d’autant plus avantagée qu’elle est en pente, montant vers le Tibidabo. Mais des dommages matériels seraient inévitables, notamment au sein du port et dans le métro par exemple. 

tsunami barceloneTempête Gloria à Barcelone, janvier 2020. Photo : Ajuntament

Face au risque imminent de tsunami à Barcelone, le géologue alerte sur le fait que ni la ville, ni même la côte de la région ne sont préparées à ce type de risque naturel. “Contrairement aux tempêtes, on ne peut pas prévoir les tsunamis. S’il y a une activité provoquée par la faille sismique algérienne, la vague arrive sur les Baléares en 35 minutes !” D’où la nécessité d’une sensibilisation de la population au risque et d’un plan d’évacuation, notamment des plages. Le spécialiste dénonce l’inaction des autorités, qui “ne veulent pas faire connaître ce risque”. “Il n’y a aucun panneau par exemple qui informe du risque de tsunami, à Barcelone, peut-être pour ne pas alarmer. S’il y en avait, le secteur hôtelier se plaindrait”, avance-t-il. 

La mairie de la ville reconnaît elle-même qu’ « actuellement il n’y a pas de protocole, puisque toutes les études et analyses auxquelles la mairie de Barcelone a participé n’ont pas considéré les tsunamis comme un risque« . Cependant, elle étudiera le nouveau rapport de l’Unesco pour « décider de comment agir« .

De son côté, la Commission océanographique de l’Unesco prévoit le déploiement d’un programme afin d’assister les zones exposées, d’ici à 2030, avec l’élaboration d’une carte des zones à risque, d’un plan d’évacuation et une sensibilisation de la population, pour que tous sachent comment agir en cas de tsunami. 

À lire aussi : Plan d’urgence pour sauver les plages de Barcelone

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