Prioriser sa vie personnelle plutôt que sa carrière professionnelle, c’est la conviction de nombreux Français venus à Barcelone.
Adieu le poste à responsabilités et le salaire à 2 500€ par mois, ils ont tout quitté pour venir vivre dans la métropole où il fait bon vivre. Anne-Laure, spécialisée en marketing, a quitté le rythme parisien il y a 5 ans pour une vie plus paisible à Barcelone. “À Paris, les gens sont tous pressés, la vie est stressante, c’était vraiment métro, boulot, dodo” explique-t-elle. Lassée du mode de vie parisien, Mélina, âgée de 30 ans, a elle aussi quitté la capitale pour la ville catalane il y a 6 ans. “Après une mauvaise expérience professionnelle en marketing, je suis venue à Barcelone et j’ai pris le premier poste que j’ai trouvé sur Linkedin” explique-t-elle.
Le “ras-le bol de la vie parisienne et la recherche de sens dans leur travail” sont les principales causes de départ, affirme Anne-Laure Gandara, coach pour entrepreneurs et orientation professionnelle à Barcelone. Le sentiment d’insécurité après les attentats de Paris a également lancé une première vague de mutations, mais cela s’est d’autant plus accéléré après la pandémie et la normalisation du télétravail. Une vision partagée par l’expert français, Pierre-Olivier Bousquet, qui constate un véritable changement de mentalité depuis le Covid, où désormais “la vie perso passe avant la vie pro”. Un Français sur deux chez les moins de 35 ans affirme que leur activité professionnelle a perdu tout sens à leurs yeux depuis le début de la pandémie, souligne un sondage OpinionWay.
Ce déclic a été la crise sanitaire pour beaucoup, mais certains ont passé le pas après un burn-out ou la perte d’un emploi, précise la coach, Anne-laure Gandara.
Parisien, entre 30 et 40 ans
Très souvent âgés de 30 à 40 ans, il existe deux profils types de Français qui quittent leur pays pour Barcelone, selon le fondateur du Service Emploi des Français en Espagne, Pierre-Olivier Bousquet. Le premier est un cadre ou possède un poste à responsabilités, avec au minimum un Bac+5 en poche. Le second est un fonctionnaire qui se met en disponibilité, c’est-à-dire qu’il ne travaille plus mais garde le statut de fonctionnaire et peut revenir travailler chez son employeur quand il le souhaite. Cécile, âgée de 41 ans, a quitté Lyon pour Barcelone il y a moins de deux mois. Ancienne fonctionnaire, elle s’est mise en disponibilité pendant 1 an, le temps de s’installer sereinement. « Je pense que je n’aurais pas été dans la fonction publique, je ne l’aurais pas fait. Là j’ai une sécurité de retrouver un emploi, si jamais je reviens en France » précise-t-elle. Selon les experts, la plupart des Français de Barcelone viennent de Paris ou d’une grande ville.
Le Français type choisi Barcelone pour son environnement plaisant, sa qualité de vie reconnue, ses plages, le soleil, sa proximité avec la France, mais également pour son dynamisme professionnel et entrepreneurial. “Ici, beaucoup se lancent dans un projet d’entreprise, notamment dans le domaine environnemental et éco-responsable” affirme la coach française.
Une qualité de vie plus importante que le salaire
Si quitter son emploi en France pour vivre à Barcelone est un avantage au niveau de la qualité de vie, il l’est beaucoup moins pour le salaire. Selon les experts, il y aurait une baisse de 30% des revenus en moyenne. En effet, Mélina a connu “une très nette baisse de salaire, en passant de 40 000 € net par an à Paris, à 21 000 € à Barcelone” explique-t-elle. De même pour Cécile, qui est passée de 2 400 € en France à 1 200 €, ou encore pour Anne-Laure et Mélany qui ont constaté une baisse de 300 à 400 €. Pour autant, si elles ne s’attendaient pas toutes à une diminution aussi importante, cela ne semble pas freiner les expatriées. Pour elles, il ne s’agit pas d’un sacrifice, car la qualité de vie n’a pas de prix.
La hiérarchie des priorités s’est complètement inversée ces dernières années, “désormais on ne pense plus à son ambition hiérarchique et économique avant tout, mais plutôt d’avoir d’abord une qualité de vie adaptée et d’ensuite un emploi qui puisse subvenir à ce niveau de vie recherché” explique l’experte, Anne-Laure Gandara.
Un changement de vie sans regrets ?
Si Anne-Laure et Mélany ne regrettent pas leur nouvelle vie à Barcelone, Mélina, quant à elle, avoue posséder quelques regrets. « Ça m’arrive 1 fois par an, je regrette un petit peu par rapport aux opportunités et aux offres d’emplois à Paris qui sont beaucoup plus nombreuses”. Pourtant, elle pense ne jamais revenir en France, étant trop attachée à sa qualité de vie ici.
Mais le soleil de la ville catalane n’est pas suffisant pour tous, car, en moyenne, la moitié des Français de Barcelone repartent dans les cinq années après leur arrivée.