Les avions laissent à nouveau leurs traces dans le ciel espagnol. Pour la saison estivale, les compagnies estiment qu’elles auront récupéré un nombre de sièges équivalent à 2019, dernière année avant la pandémie.
Selon les estimations des entreprises aériennes 212 millions de personnes devraient transiter en Espagne cette année, par rapport à 213 millions en 2019. Il y a une grande hétérogénéité au niveau régional avec une hausse de 8,1% en prévision pour les îles Canaries et 10,6% pour les îles Baléares. Concernant les grandes villes, Madrid devrait connaitre une progression de 7,5% et Barcelone 11 %. Tous ces indicateurs sont à comparer avec les chiffres de 2019.
Si les opérateurs sont confiants pour la saison estivale, c’est en raison des excellents chiffres enregistrés durant les dernières vacances de Pâques : 85% des voyageurs d’avant le Covid sont revenus dans un avion espagnol.
Le problème du retour des vols en Espagne
Un retour de masse qui possède son revers de la médaille. La dernière saison pré-covid avait été extrêmement compliquée avec des retards systématiques des vols et des pertes de bagages dans les grands aéroports du pays. Les opérateurs craignent le retour de cette problématique pour l’été 2022. « 80% des retards dus à la gestion du trafic aérien qui affectent l’Espagne se produisent hors du pays, notamment en France selon les syndicats aériens. Cette année il y a un changement de système à Reims qui va obliger le trafic à être détourné vers Marseille, ce qui est déjà problématique en soi » déplore Javier Gándara président de l’association des lignes aériennes espagnoles. Les retards pourraient donc être fréquents sur les lignes qui relient la France à la Catalogne et les îles Baléares.
Un autre problème que doivent affronter les compagnies avec le retour des vols est celui de la destruction de la planète. Le secteur aérien est responsable de 3% du volume d’émissions de CO₂. Pour chaque voyageur transporté, un avion émet en moyenne 285 grammes de CO₂ par kilomètre parcouru contre 68 grammes pour un bus ou 14 pour un train, selon l’Agence européenne de l’environnement. La honte de prendre l’avion commence à se faire ressentir chez une partie croissante des passagers selon les opérateurs aériens.
Passer à l’hydrogène est l’une des solutions les plus prometteuses pour la décarbonation des avions. Airbus a déjà annoncé étudier un avion entièrement propulsé à l’hydrogène. En revanche le secteur aérien est très tendu concernant la proposition d’éliminer les vols intérieurs lorsqu’un trajet en train est possible. En moyenne, en Europe, il s’agit de trajets de moins de 500 kilomètres.
La principale critique des compagnies concerne le système des correspondances. Dans le cas d’un vol Valence-Madrid qui disparaîtrait, les compagnies craignent que le passager qui se servait de l’aéroport de Barajas pour prendre un vol international n’utilise pas le train. Afin de s’éviter de prendre un bus ou le métro pour se rendre à Barajas. Les compagnies croient savoir que ce passager fera sa correspondance via un autre aéroport international, comme Francfort, Paris ou Londres.
Les vols courts de moins de 500 kilomètres représentent 30,6% du volume aérien espagnol mais seulement 4,3% des émissions de CO₂ tentent de se défendre les entreprises aériennes. Les mêmes font remarquer la pauvreté du réseau de TGV espagnols.
Il n’y aura pas de solution facile face à un problème aussi complexe, conclut fort justement Javier Gándara.