Barcelone suit les traces de Paris et va enfin lancer un test pilote pour déployer des radars afin de détecter les véhicules circulant avec un bruit excessif.
C’est une demande de longue date des associations de riverains qui vient d’être validée par la mairie de Barcelone : installer des radars anti-bruit. Concrètement, deux dispositifs en phase expérimentale seront installés à Barcelone à partir de juillet. Bien qu’ils soient mobiles, ils seront dans un premier temps implantés en deux points fixes que la mairie n’a pas encore précisés.
Pendant trois mois, ils collecteront uniquement des informations, car, selon la mairie, il s’agit d’un système beaucoup plus complexe que les radars classiques, qui ne détectent que les excès de vitesse. Une fois le test effectué, le conseil municipal communiquera les résultats à la Direction générale de la circulation, qui devrait autoriser l’utilisation de ces appareils et la capacité d’infliger des amendes.
Parallèlement, le conseil municipal étudiera la formule légale pour verbaliser les contrevenants. L’objectif est d’infliger une amende aux véhicules qui dépassent la limite établie, en mettant l’accent sur les motos et les scooters avec des systèmes d’échappement modifiés.
Le bruit tue à Barcelone
Plus de 8 Barcelonais sur 10 sont exposés à des niveaux de bruit dangereux pour leur santé, selon les critères de l’OMS. Au-delà du seuil de 55 décibels, l’Organisation mondiale de la santé estime que les nuisances sonores peuvent provoquer des risques cardiovasculaires accrus, des difficultés de concentration, des retards d’apprentissage et des troubles du sommeil. Ce sont ces derniers qui provoqueraient les maladies les plus graves et les 47 morts par cardiopathie évitables chaque année à Barcelone, selon le récent rapport d’ISGlobal. « Une mauvaise qualité du sommeil augmente le risque de maladies cardiovasculaires, confirme le cardiologue Juan Carlos Portugal, c’est un facteur de risque très connu ».
Et mauvaise qualité du sommeil ne veut pas forcément dire peiner à s’endormir ou se réveiller fréquemment. « Le bruit nocturne peut provoquer des altérations du sommeil sans que nous en soyons conscients ni que cela ne nous réveille, explique Maria Foraster, chercheuse en santé publique à l’Université Ramon Llull, une exposition prolongée au bruit de la circulation routière peut mener à des altérations chroniques des réactions de notre corps, et engendrer maladies cardio-vasculaires, diabètes et obésité ».
Aussi dangereux que la pollution atmosphérique
Car c’est bien le bruit des voitures, motos, bus et autres véhicules qui affecte le bien-être des Barcelonais. Alors qu’il dérange 30 % des Bruxellois, 43 % des Madrilènes ou encore 60 % des Parisiens, ce sont plus de 83 % des Barcelonais qui doivent supporter continuellement les nuisances sonores de la circulation.
Selon Sasha Khomenko, chercheuse de l’ISGlobal et auteure principale de l’étude, ces nouveaux résultats permettent de démontrer que le bruit généré par les moyens de transport constitue la deuxième cause environnementale d’effets néfastes pour la santé en Europe occidentale, après les émissions de particules polluantes. Or, les deux ont la même cause : la circulation routière.