Une vague de démissions massive est un phénomène qui secoue les relations entre les employeurs et salariés depuis la crise du Covid. Une tendance qui se remarque à Barcelone.
Le phénomène de la grande démission est une tendance issue des États-Unis qui trouve son origine dans l’épidémie de Covid . Il s’agit de la volonté d’Américains à changer radicalement de travail avec ou sans reconversion. Une vague de démissions massives : 4 millions d’Américains en moyenne par mois changent de travail. L’an dernier, 30 000 personnes en Espagne ont fait de même. Et selon le portail Infojobs, 27 % des travailleurs en Espagne ont le désir de quitter leur emploi.
À Barcelone, il s’agit de personnes âgées de 27 à 30 ans « qui veulent sortir de leur zone de confort » selon Julien Fortuit, coach français en Espagne. Ce spécialiste confirme que le déclic est la pandémie de Covid : « Beaucoup de personnes qui viennent me voir faisaient leurs réunions professionnelles sur Zoom et se barbaient franchement. Alors en vidéo-conférence, on peut couper sa caméra prétextant une mauvaise qualité de Wifi et faire ses cours de yoga pendant que les autres parlent. Quand il a fallu revenir au bureau et partager à nouveau des salles de réunion, certains salariés ont compris qu’ils perdaient leur temps, et voulaient faire autre chose ».
Julien Fortuit. Photo : Clémentine Laurent/Equinox
Loin de qualifier ces employés de mauvais travailleurs, Julien Fortuit pointe plutôt la responsabilité des entreprises. Quand il y a une démission, les ressources humaines (RH) procèdent bien souvent à un entretien de départ. En somme, les boîtes veulent savoir pourquoi leur employés quittent l’entreprise. « Mais si cette discussion avait lieu de forme régulière entre les patrons et leurs salariés, il y aurait beaucoup moins de départs » analyse Fortuit. En bref, si elles veulent limiter la grande démission, les entreprises doivent anticiper et combler les besoins de leur personnel.
La démission et l’argent
Une démission est-elle la traduction d’un appauvrissement ? « Pas forcément », répond Julien Fortuit. Même si le coach note que depuis le Covid, l’argent perd de sa valeur dans la vie des personnes qu’il rencontre. « Les gens veulent donner un sens à leur vie et arrêter de perdre leur temps, même si ça signifie gagner un peu moins de sous », note l’expert. Cependant, « une bonne démission est une démission négociée », sourit le coach, estimant possible que les RH acceptent le licenciement et donc l’ouverture des droits aux allocations chômage. Une démarche qui est cependant illégale.
D’ailleurs, le but des grands démissionnaires n’est pas de se retrouver au chômage, mais continuer à travailler dans un nouveau secteur ou un travail ayant plus de sens. Il n’est pas étonnant, selon les statistiques, de constater que le phénomène de la grande démission est surreprésentée aux USA ou en Angleterre. Des pays où le processus d’embauche est plus rapide qu’en France ou en Espagne.
La peur de se retrouver le bec dans l’eau sans emploi à Barcelone reste une variable forte. Mais surmontable, selon Fortuit qui conclue : « une personne triste quittera son job et tout son entourage la soutiendra dans ce choix ».