Les derniers faits divers et saisies de la police révèlent une menace croissante de nouveaux affrontements entre gangs armés, en Catalogne. Un problème pris très au sérieux par les Mossos d’Esquadra.
Photo : Clémentine Laurent/Equinox
Après deux ans de calme relatif, la fusillade sur un parking de Sabadell a réveillé les craintes endormies durant la pandémie. Une nuit de septembre 2021, aux alentours d’une heure du matin, environ 200 personnes sont réunies sur le parking d’un centre commercial de Sabadell pour un botellón. Une dispute éclate entre deux gangs rivaux, et trois hommes tirent une dizaine de fois dans la foule. Cinq personnes sont blessées dont deux gravement, et parmi elles, une jeune fille de 19 ans. Enceinte de 7 mois, la balle qu’elle reçoit dans le ventre provoque la perte de son enfant. Un drame qui alerte Sabadell, mais aussi les médias et les Mossos d’Esquadra. Car cet acte de violence révèle peut-être le retour des affrontements entre gangs armés, en Catalogne.
La présence de bandes, liées au trafic de drogue et armées, n’est pas une nouveauté dans la région. Il y a plusieurs années, avant la pandémie, elles étaient déjà présentes et plutôt nombreuses. Depuis 2016, la police catalane a mis en place un plan spécifique pour neutraliser le problème, surtout lorsque les rixes entre bandes ennemies mettent en danger la sécurité des citoyens. Mais la pandémie ne les a pas faits disparaître, au contraire. “Les gangs armés, et la délinquance en général, sont en augmentation ces dernières années, pas seulement ces derniers mois”, affirme Toni Castejon. Porte-parole du syndicat des Mossos FEPOL, il connaît le phénomène, souvent lié au trafic de cannabis. “Et on remarque une augmentation des armes à feu en circulation, dans les registres, quelque chose que l’on ne voyait pas avant”, avertit-il.
Des armes plus nombreuses, parmi les gangs en Catalogne
Après la fusillade de Sabadell, deux personnes ont été arrêtées par les Mossos pour l’enquête. L’une a été écrouée, l’autre libérée sous caution ; deux autres sont encore recherchés, avance El País.
Photo : Mossos d’Esquadra
Si ce cas fait état d’armes à feu, d’autres faits divers récents possiblement liés à des gangs évoquent d’autres types d’armes, tout aussi dangereuses. À El Vendrell, commune de la province de Tarragone, une rixe en début d’année a provoqué de graves blessures au visage à deux personnes, attaquées à l’aide de grosses pierres et de machettes. Plus récemment, début mars, on a déploré deux blessés dans la zone industrielle de Famades; entre Cornellà et L’Hospitalet de Llobregat, ou encore deux autres à la terrasse d’un bar à Lleida, tous blessés par des hommes armés de machettes, informe Crónica Global.
Dans tous les cas, les faits sont liés à des gangs, d’origine maghrébine à El Vendrell, rapporte El Nacional, mais plutôt dominicaine, en ce qui concerne les autres attaques, comme à Sabadell. Selon des sources internes à la police et révélées par le pure player, ces bandes ne sont pas organisées comme les gangs “latinos”.
Des bandes toujours plus dangereuses
Mais elles restent tout aussi dangereuses, et même plus que les années précédentes, pour Toni Castejon. “D’abord parce que ces gangs sont très bien organisés, parce qu’il s’agit d’énormément d’argent, mais surtout parce qu’ils sont à l’origine d’une augmentation très importante du nombre d’armes à feu.” Le porte-parole du syndicat évoque notamment les perquisitions dans des plantations, à l’occasion desquelles de nombreuses armes sont retrouvées par les forces de l’ordre, mais aussi des pièges, comme cela s’est déjà produit à Tarragone.
L’augmentation de fusillades entre gangs opposés, l’apparition de cadavres ou encore de personnes blessées par balle dans les hôpitaux appuient cette constatation d’armes à feu plus nombreuses.
Desmantellem una plantació de marihuana interior a Sant Martí (BCN): Balanç:
✅ 2 detinguts
✅ 855 plantes
✅ Intervenim estris pel cultiu pic.twitter.com/8vRoe0yrI4— Mossos (@mossos) April 10, 2022
En réalité, il ne s’agit pas vraiment d’un retour des gangs, qui étaient toujours présents et actifs en Catalogne durant la pandémie ; mais les mesures sanitaires limitaient les rixes entre bandes. La fin des restrictions et l’augmentation des saisies d’armes à feu font craindre une montée des affrontements, et les Mossos d’Esquadra prennent la menace très au sérieux, explique le porte-parole du syndicat policier. “Le nombre de perquisitions autour du cannabis est énorme, il n’y a pas une semaine où c’est calme. Et cela peut impliquer de la corruption, en plus du danger que cela représente pour la société.” Les Mossos travaillent actuellement sur le phénomène, en dédiant notamment plus d’effectifs pour combattre la menace de nouveaux affrontements, et éviter d’autres drames comme celui de Sabadell.
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